Aurons-nous de l'électricité cet hiver ? Y aura-t-il des coupures de courant ? Si oui, où ? Quand ? Comment ? Combien de temps ? Pourquoi ? C’est "le" sujet qui monte dans les médias en ce moment, et il y a de quoi s'en agacer.
Le gouvernement a voulu bien faire, la semaine dernière, en dévoilant les consignes données aux préfets pour gérer d'éventuels "délestage", lorsque notre pays va manquer d'électricité. RTE (Réseau de transport d'électricité), qui gère le réseau national, a mis au point un système d'alerte à base de couleurs pour nous dire comment se situe la consommation d'électricité en France. L'application Ecowatt existait depuis longtemps en Bretagne, elle est désormais nationale. Vous la téléchargez sur votre smartphone, elle vous dit où on en est. Vert, on a tout ce qu'il faut. Orange, attention, surchauffe, on risque d'avoir un problème. Rouge, c'est cuit, pénurie à l'approche : si nous ne levons pas le pied, ça va couper.
Parce qu'on a l'impression, à voir les directs sur le sujet, que nous allons devoir faire face à des coupures gargantuesques, une espèce de "black-out" cataclysmique qui va nous ramener à l'ère de la bougie, avec paniques, émeutes, effondrement général. Les opposants crient à la fin de la France, reléguée au niveau d'un pays du tiers-monde, les numéros d'urgence seront aux abonnés absents, les enfants privés d'écoles, les entreprises vont devoir mettre la clé sous la porte, des gens resteront coincés dans les trains, dans le métro ou des ascenseurs, les malades sous respirateurs seront privés d'air… BREF : c'est la fin de la civilisation, on va tous mourir.
Et bien non. On parle d'un nombre limité de coupures - entre 3 et 6 durant tout l'hiver, et plus, certes, s'il était rigoureux et que la consommation ne baissait pas malgré les alertes de RTE, mais tout cela est déjà très organisé. Nous serons prévenus trois jours à l'avance, avec confirmation de l'interruption de service la veille, à 17 h. Seuls des secteurs bien délimités se verront privés d'électricité, pas tout le pays et les coupures ne dureront pas plus de deux heures, à des plages horaires déjà connues. C'est quand même pas la mer à boire !
Il y a une époque pas si lointaine où ces délestages se produisaient assez fréquemment, sans crier gare, et on arrivait très bien à vivre avec. L'emballement auquel nous assistons, qui a obligé le président de la République à prendre la parole sur le sujet hier, depuis l'Albanie, pour dire "stop aux scénarios de la peur", n'a aucun sens. Les Ukrainiens, eux, vont vraiment devoir passer l'hiver sans électricité ni chauffage. Pas nous. Un peu de décence serait bienvenue.
Et à celles et ceux qui ne supportent pas l'idée d'être privés de TikTok pendant deux petites heures parce qu'ils n'auront pas pris le soin de charger leur smartphone à l'avance, j'ai un message. Achetez-vous des piles, mettez-les dans un vieux transistor, vous pourrez écouter la radio en cas de panne. Comme au bon vieux temps. Vous verrez, ça fait beaucoup de bien !
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