Mercredi dernier, pour la Saint François d’Assise, le pape François a publié Laudate Deum, une exhortation apostolique sur l’écologie. Un texte très politique, qui se veut un cri d’alarme supplémentaire face à l’urgence écologique. Théo Moy revient sur cet appel, et présente les trois messages du pape aux chrétiens.
Huit ans après Laudato Si, le pape lance un appel encore plus politique et urgent à s’engager contre le changement climatique. On pourrait se demander pourquoi il y a besoin de ce nouveau texte, alors que Laudato Si est loin d’être périmé. Et il nous répond lui-même au début de l’exhortation : « je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture ». Ce manifeste en faveur d’une action individuelle et collective est adressé à tous, mais en particulier aux chrétiens.
La première leçon que le pape leur adresse, c’est qu’il n’y a pas de place dans l’Eglise pour le climato scepticisme. « Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser », écrit-il, « les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. Nul ne peut les ignorer ».
Pour nous convaincre, François se mue en un véritable vulgarisateur scientifique. Chiffres et rapports du GIEC à l’appui, il rappelle la multiplication des vagues de chaleur, la fonte des couches de glace du Groënland, toutes les conséquences négatives d’un réchauffement à 1,5 ou 2°.
J’invite chacun à accompagner ce chemin de réconciliation avec le monde qui nous accueille, et à l’embellir de sa contribution, car cet engagement concerne la dignité personnelle et les grandes valeurs. #LaudateDeum https://t.co/e3YvLqXU3F @vaticanIHD_FR
— Pape François (@Pontifex_fr) 4 octobre 2023
Des précisions qu’il se dit contraint d’apporter « à cause de certaines opinions méprisantes et déraisonnables », qu’il dit rencontrer « même au sein de l’Église catholique ». Face à ce que l’écrasante majorité des scientifiques démontrent, François assume que le doute n’est plus une juste attitude chrétienne.
François nous demande de nous méfier des promesses technologiques. Fonder la politique écologique sur la foi que de nouveaux outils techniques vont être inventées pour nous tirer d’affaire est selon lui une très mauvaise stratégie. Il qualifie même cette logique techno-solutionniste de monstrueuse. Ce serait un « pragmatisme homicide » qui risque d’entrainer encore plus de drames écologiques.
Mais il va plus loin encore, fustigeant la vision de l’homme que cache cette obsession technologique, un être humain sans Dieu, avide de pouvoir, prédateur.
« Les dernières innovations technologiques partent de l’idée d’un être humain sans aucune limite, dont les capacités et les possibilités pourraient être étendues à l’infini grâce à la technologie », écrit le pape.
François oppose à cette vision un humain conscient de son environnement, et qui trouve sa juste place dans la nature. « Nous affirmons que le monde qui nous entoure n’est pas un objet d’exploitation, d’utilisation débridée, d’ambitions illimitées ». Il nous prévient : « un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même ».
« Ne doutez plus », « Ne croyez pas en la technologie… » Si je compte bien, il nous manque une leçon du pape aux chrétiens…
« Engagez-vous », voilà la dernière exhortation de François aux fidèles. Il insiste sur l’importance des petits gestes, car « l’effort des ménages pour polluer moins, réduire leurs déchets, consommer avec modération, crée une nouvelle culture ». Une culture de la sobriété, de la décroissance, qui doit nourrir des actes plus militants.
Ainsi le pape salue les groupes qui, « fustigés comme radicalisés », exercent sur les gouvernants une « saine pression » pour encourager le « changement généralisé du mode de vie irresponsable » des occidentaux. Pour François, les chrétiens devraient rejoindre ceux qui exercent cette saine pression, car, et je le cite encore, « toute famille doit penser que l’avenir de ses enfants est en jeu ».
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