Annecy
LA CHRONIQUE DE STÉPHANE VERNAY - Un hommage national est rendu à Robert Badinter, ce mercredi 14 février, place Vendôme, à Paris. Malgré la demande explicite de la famille de l'ex-Garde des Sceaux, la France Insoumise sera présente.
La patrie reconnaissante se retrouvera au ministère de la Justice, en mémoire de l'homme qui a réussi à convaincre la représentation nationale, contre l'opinion publique de l'époque, de la nécessité d'abolir la peine de mort dans un pays qui ne voulait pas y renoncer.
Ce devrait être un moment de concorde nationale. Il se tiendra pourtant sur fond de polémique politicienne, la famille de Robert Badinter ayant demandé à ce que le Rassemblement national et la France Insoumise n'y soient pas représentés.
Le Rassemblement national parce qu'il est l'héritier du Front national, un parti dont Robert Badinter a combattu les idées toute sa vie, dénonçant les provocations antisémites et négationnistes de ses militants et dirigeants, dont celles de Jean-Marie Le Pen.
La France insoumise, parce que plusieurs dirigeants de ce parti se sont récemment vautrés dans des provocations à caractère antisémites, des propos ambigus et des "tweets" sans équivoque, après les massacres du 7 octobre en Israël. La plus élémentaire décence voudrait que ces deux familles politiques respectent la demande formulée par la famille de Robert Badinter. La surprise, pour ne pas dire la consternation, vient du fait que le Rassemblement national l'a entendue, et acceptée, quand la France insoumise fait la sourde oreille.
Hier, Marine Le Pen s'est fendue d'une courte déclaration, assurant que personne du RN n'assistera à la cérémonie de ce jour, en précisant qu'elle ne voulait pas polémiquer. Les Insoumis, eux, ont décidé de passer outre, toute honte bue, en annonçant qu'ils y enverront deux députés. Tout en critiquant la requête des proches de Robert Badinter.
"Mettre l'extrême droite et LFI sur un même plan n'est pas conforme au principal des grands combats de Robert Badinter, se permet un député Insoumis via Twitter. En 1981, Le Pen était pour la peine de mort alors que les Insoumis sont les héritiers du long combat abolitionniste. Ne brouillons pas les repères historiques."
Comme si de rien n'était. Comme si les Insoumis n'avaient pas fait la démonstration, depuis le 7 octobre, qu'ils sont, aussi, les héritiers d'une extrême gauche française viscéralement antisémite, qui a prospéré au XIXe siècle avant de se fondre partiellement dans l’extrême droite, à partir des années 1930, puis de se compromettre dans la collaboration. On est là aux antipodes de la gauche de Robert Badinter.
Plutôt que de s'interroger sur les dérives qui les guettent, ces Insoumis préfèrent soupçonner les gardiens de la mémoire de Robert Badinter de vouloir "brouiller les repères historiques". Peut-être pour ne pas avoir à se poser la question de ce qu'ils sont en passe de devenir, à force d'outrances, de "conflictualisation" à tout crin et d'obstination dans le sordide.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
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- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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