Il n'y a jamais eu autant d'avortements en France, par Pascale Morinière

Les chiffres de l’IVG de 2023 ont été publiés la semaine dernière. Ils sont à la hausse. Que faut-il en retenir ?

244 000 IVG ont été réalisées en France en 2023, soit 8600 de plus qu’en 2022. C’est le nombre le plus élevé jamais atteint depuis 1990. Il concerne à la fois tous les âges et toutes les régions françaises.

Ce nombre témoigne d’un phénomène de société important puisque les avortements ont représenté 376 IVG pour 1000 naissances. A titre de comparaison, l’Allemagne a un taux de120 IVG pour 1000 naissances et l’Italie de 160 IVG pour 1000 naissances. La France est malheureusement en tête des pays européens pour le taux d’avortement par rapport aux naissances.

Comment explique-t-on à la fois cette augmentation et ce taux record ?

Une étude de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques, la DREES, qui publie chaque année les chiffres des IVG, avait montré en 2020 que les taux de recours étaient plus importants parmi les femmes à faible niveau socio économique.

La dégradation de la situation économique et la baisse du pouvoir d’achat des Français expliquent très probablement cette hausse régulière du nombre d’IVG en France. En 2023, les Français souhaitaient en moyenne 2,27 enfants mais n’en accueillaient que 1,68. Cette différence témoigne du manque de moyens pour constituer sa famille malgré le désir exprimé par les jeunes couples.

Une politique de soutien financier aux familles et de prévention de l’IVG est bien sûr à développer, mais aussi des études sur les facteurs de risque de recourir à l’avortement. Mieux les connaitre permettrait de mieux les prévenir.

Le pape s’est exprimé à ce sujet en Belgique…

Il a rappelé que « les femmes ont droit à la vie, à leur vie et à celle de leurs enfants ». Il a annoncé lancer la procédure de béatification du roi Baudouin qui avait démissionné temporairement pour ne pas ratifier la loi belge sur l’avortement. A cette occasion, il a eu des mots très forts pour dire que l’avortement était un « homicide » et que les médecins qui le pratiquaient étaient eux des « tueurs à gage ». Le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat du saint Siège, s’exprimait dans le même temps à l’ONU pour rappeler que « l’absence de protection [de la vie humaine] est l’une des plus grandes pauvreté de notre époque ».

Puissent-ils l’un et l’autre être entendus !

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