En parcourant le site internet du salon "désir d'enfants" on comprend vite que cet évènement ne concerne pas seulement cette question douloureuse de l’infertilité, et que les cliniques françaises et étrangères qui y tiennent stands et conférences ne sont pas vraiment motivées par un accompagnement intégralement respectueux de l’homme, de la femme et de l’enfant. Les agences qui auront pignon sur rue proposent toute la palette de la procréation artificielle, depuis l’achat de sperme sur catalogue, à la méthode ROPA et jusqu’au tri des embryons sur des critères génétiques. Des sujets qui ont été discutés pendant la révision de la loi bioéthique mais qui restent interdits dans notre pays.
Ce salon pratique même le délit d’entremise qui punit l’activité d’intermédiaire entre clients et mères porteuses. Cet évènement n’aurait donc pas dû être autorisé par la préfecture. Pour bien comprendre le problème, imaginons la polémique si on autorisait un salon sur l’évasion fiscale ou sur la vente d’organes ou d’armes, au motif que cela se pratique à l’étranger. Le ministère de la justice a été informé dès le mois de juillet. Les premiers ministres et gardes des Sceaux successifs ont toujours assuré, je cite, que « la GPA est la ligne rouge du gouvernement ». Pourtant, personne ne bouge le petit doigt. Comment prétendre tenir cette interdiction tout en facilitant et même en encourageant implicitement cette pratique ?
Devant ce laxisme, on mesure que « ligne rouge » n’est qu’un élément de langage, il serait plus juste alors de parler de « ligne ultra rouge », car les ultras rouges sont invisibles pour l’œil. Invisible aussi, l’action politique pour protéger notre pays de cette exploitation du corps des femmes qui fait de l’enfant à naitre l’objet d’un contrat, et qui sépare à la naissance l’enfant et la femme en qui sa vie à pris corps.
L’association « Juriste pour l’enfance » elle, a bien vu rouge. Elle a publié une lettre ouverte à monsieur Dupont-Moretti et déposé un référé-liberté. Aussi fou que cela puisse paraitre, il vient d’être rejeté par le tribunal administratif de Paris sans avoir même accordé d’audience à l’association qui œuvre pour la défense des droits des enfants, et qui ne demandait au fond qu’une chose : la protection de nos libertés fondamentales, à savoir la non marchandisation du corps et le respect de la dignité humaine. Cette histoire me fait penser à une fable de la Fontaine : « Ne faut-il que délibérer, la cour en conseillers foisonne. Est-il besoin d'exécuter ? L'on ne rencontre plus personne ».
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