LA CHRONIQUE DE CLOTILDE BROSSOLET - La semaine de 4 jours pour les parents divorcés ! Voici le dernier ballon d’essai que Gabriel Attal a balancé dans les colonnes de la Tribune du Dimanche, le 17 mars dernier.
La stratégie politique est bien connue : une proposition floue, histoire de voir comment l’opinion publique réagit, des précisions par la suite en fonction de la direction du vent. L’idée initiale du Premier ministre est de permettre aux parents divorcés de bénéficier de la semaine de 4 jours durant la semaine où ils ont la garde de leurs enfants.
Il s’agit plus précisément d’une modulation du temps de travail : expérimenter, sur la base du volontariat, une semaine en 4 jours. La proposition, qui veut mieux articuler vie privée et vie professionnelle, ne comporte pas de réduction du temps de travail. La proposition est au programme du séminaire gouvernemental consacré à la problématique du travail de fin mars. Toutefois, Stanislas Guerini a d’ores et déjà annoncé lancer l’expérimentation dans la fonction publique à partir de septembre pour les administrations candidates.
Encore une fois, sur le papier, l’idée semble formidable : faciliter la vie des parents divorcés quand ils ont la garde de leurs enfants. Dans les faits, difficile de ne pas y voir qu’un effet d’annonce car les enfants du divorce dont la garde est partagée à temps égal entre les deux parents représentent seulement 11,5 %. Une grande annonce donc pour peu de bénéficiaires.
Quoiqu’il en soit, il ne s’est pas trouvé grand monde pour approuver l’idée d’un aménagement du temps de travail des parents divorcés, bénéficiaires d’une garde alternée. La proposition laisse sur le carreau beaucoup de parents à qui cela faciliterait bien la vie : les parents divorcés qui ont la garde exclusive de leurs enfants, les parents solos qui ont seuls la charge de leurs enfants 100 % du temps, les parents dont l’un est souvent en déplacements professionnels. Les réactions ont grandement manqué d’entrain. Certains ont même évoqué les conjoints des militaires partis pour de longs mois en Opérations extérieures, tandis que d’autres se refusaient à "subir l’échec sentimental de leurs collègues".
Il tout de même intéressant que, dans l’imaginaire du Premier ministre, la préoccupation première en matière d’aménagement du temps de travail concerne les parents divorcés. Pour le gouvernement, ces derniers sont spontanément les premiers à soutenir ! Nos dirigeants, dont une grande partie n’a pas d’enfants, sont à ce point déconnectés de la réalité qu’ils traitent le sujet de la famille à partir du divorce, une sorte de fatalité qu’il vaut mieux accompagner que prévenir. Pourtant, nous en connaissons bien les conséquences économiques et sociales difficiles, en particulier l’appauvrissement des femmes et la fragilisation des enfants.
Suite à un divorce, 20 % des femmes basculent dans la pauvreté et le Ministère de l’Éducation nationale le reconnaît : "Les individus ayant vécu une séparation parentale avant leur majorité ont une réussite scolaire plus faible. Cela reflète en partie des conditions de vie familiale plus difficiles, notamment pour ceux dont les parents se sont séparés lorsqu'ils étaient jeunes." Ce n’est donc pas un hasard si 60 % des émeutiers de juillet dernier sont issus de familles séparées.
Notre société devrait alors porter ses efforts sur la prévention des divorces et des séparations, en généralisant, par exemple, la préparation au mariage civil. De plus, la semaine en 4 jours signifie, pour l’immense majorité des parents, un allongement de la durée des journées travaillées et implique inéluctablement un nouveau problème de garde : celui des fins de journées, comme l’a montré l’expérimentation menée en 2023 aux URSSAFF de Picardie. expérimentation qui s’est soldée par un échec !
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