LA CHRONIQUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Les retraites ont le vent en poupe ! Pas celles que l’exécutif a péniblement réformées l’an passé en faisant face à la fronde, mais bien celles au cours desquelles des hommes et des femmes font le choix de séjourner dans un lieu spirituel pour aller à la rencontre de Dieu.
Diffusée en début d’année sur la chaîne C8, l’émission de téléréalité « Bienvenue au monastère » a boosté les réservations sur le site Internet Ritrit, le Airbnb des séjours en abbaye. D’après l’un de ses responsables, récemment interrogé par nos confrères de La Croix, le site Ritrit a en effet connu, à chacun des épisodes, un « pic de connexions et de demandes d’inscription ».
Si la mise en scène pour la télévision reste sujette à controverse, l’expérience de la retraite spirituelle a ainsi fait irruption chez le grand public. Et cet engouement confirme un mouvement plus profond.
Ce phénomène interroge, en effet : Pourquoi y a-t-il de plus en plus de candidats pour vivre, parfois au milieu de nulle part, quelques jours loin du monde ? Pourquoi les retraitants sont-ils, de l’avis des responsables d’hôtellerie, de plus en plus jeunes ?
Il n’est pas donné à tout le monde d’être saint Antoine le Grand, le père du monachisme chrétien, qui passa cinq ans dans un ancien tombeau égyptien, puis vingt autres années dans un fortin romain abandonné, en plein désert.
Mais se retirer un tant soit peu de l’agitation, changer de rythme pour se caler sur celui des moines ou des moniales afin de trouver Dieu, avant de se trouver soi-même, apparaît de plus en plus nécessaire. À mesure que les écrans et les bruits du monde envahissent nos existences, c’est à une reconnexion à l’essentiel que beaucoup aspirent.
Dieu ne se manifeste ni dans l’ouragan ni dans le tremblement de terre ni dans le feu, nous disent les Ecritures, mais bien dans « le murmure d’une brise légère ». Lorsque l’on met les pieds pour la première fois dans un monastère, on est inévitablement saisi par le silence qui y règne.
Dans la prière, ce silence est une descente en profondeur vers notre âme, une libération. « Garder le silence, quel mot étrange ! C’est le silence qui nous garde », fait justement dire Bernanos au jeune curé d’Ambricourt, dans son Journal d’un curé de campagne.
Dans le fracas du monde et face aux défis sociétaux, environnementaux et économiques, la fuite n’est pas une solution. Mais une retraite spirituelle est une pause en Dieu, pour mieux répondre à ses attentes, et à celles du monde. À distinguer du stage de méditation, la retraite dans l’Esprit est, de même que l’amour du Christ, destinée à tous !
Plus encore pour ceux qui cumulent des responsabilités et ont besoin de prendre du recul. Souvenez-vous : à peine élu président de la République, Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de se retirer quelques jours à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire. On le retrouvera finalement à Malte, sur un yacht... On ne saurait pourtant trop conseiller à tous nos responsables politiques de prendre un peu de recul, eux aussi, et de chercher Dieu !
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