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Le traitement du cyclone de Mayotte par les médias, par Corinne Bitaud

Un article rédigé par Corinne Bitaud - RCF, le 24 décembre 2024 - Modifié le 24 décembre 2024
Le point de vue de 7h20Le traitement du cyclone de Mayotte par les médias, par Corinne Bitaud

LE POINT DE VUE DE CORINNE BITAUD - Le passage du cyclone Chido à Mayotte a causé une vague médiatique. Mais au-delà du cyclone, c'est le traitement médiatique de l'événement qui a interpellé Corinne Bitaud. Au-delà du nombre de victimes, elle invite à réfléchir à l'angle climatique.

Corinne Bitaud © DRCorinne Bitaud © DR

J'ai été outrée que l'on parle finalement si peu du passage du cyclone à Mayotte; en tous cas certainement bien moins que si cela était arrivé en Lozère ou en Corrèze. Dans les trois premiers jours, il était surtout question de la visite pontificale du lendemain. Hier encore, le jour de deuil national, la véritable affaire était la nomination du gouvernement.

Un manque de considération

Oui, Mayotte c'est loin, mais est-ce la seule raison ? Nous savons bien que les habitants de ce département d'Outre-Mer sont très pauvres, que beaucoup sont étrangers... N'était-ce pas le moment de nous rappeler que Jésus disait (Mt 25,43 et 45) : « J'étais étranger et vous ne m'avez pas recueilli, j'étais nu et vous ne m'avez pas vêtu « toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites. » Je ne l'ai pourtant pas entendu rappeler. J'ai également été très choquée de lire dans un grand média national que puisque beaucoup de victimes étaient probablement liées à la destruction des bidonvilles, seule la croissance économique, en permettant ta construction de bâtiments en ciment, serait une politique climatique adéquate. 

Un cyclone pas seulement lié aux changements climatiques

Le cyclone n'es pas directement lié aux changements climatiques. C'est la saison naturelle des cyclones. Les météorologues expliquent néanmoins que les températures de l'Océan Indien sont anormalement élevées depuis plusieurs mois, et qu'elles ont contribué au maintien de l'intensité de Chido. 
En revanche les climatologistes indiquent qu'à cause des changements climatiques, les tempêtes sont de plus en plus fréquentes et puissantes. Ainsi, produire de la croissance économique en émettant toujours plus de gaz à effet de serre, c'est la meilleure manière d'alimenter la puissance de ce que les mahorais ont décrit comme « des monstres ». Fabriquer du ciment, en particulier, est extrêmement émetteur de CO2. Alors non, ce n'est pas en bétonnant Mayotte et les autres zones à risque qu'on résoudra les problèmes posés par les changements climatiques ; assez de ces raccourcis falsificateurs ! Au contraire, on contribuera à les accroître. ll vaut bien mieux travailler sur les Plan d'Occupation des Sols, la prise au vent et l'étanchéité des bâtiments, la distance des arbres aux habitations, et surtout, sur la protection des populations dans des abris dédiés. 

La Préfecture de Mayotte avait organisé près d'une centaine d'hébergements en dur. Toutefois de nombreuses victimes se comptent assez probablement parmi la centaine de milliers de migrants illégaux, dont beaucoup vivaient dans les bidonvilles balayés par la tempête. Apparemment, nombre de clandestins ont refusé de se rendre dans les abris, croyant à un piège des autorités pour les contrôler et les renvoyer chez eux. Le discours anti-migrants, relayé par certains media, a évidemment incité une partie de ces personnes, de ces familles, à prendre le risque de ne pas se mettre à l'abri. Et pourtant, comme le dit la Cimade, « il n'y a pas d'étrangers sur cette terre ». Du point de vue chrétiens, tous sont nos frères et nos sœurs, qu'ils soient ou non nos compatriotes, qu'ils soient ou non nos coreligionnaires. Alors il faut que ce drame nous fasse souvenir que chaque dixième de degré épargné se traduira en milliers de vies sauvées. Bien sûr nous pouvons contribuer à aider les victimes d'aujourd'hui, par nos dons auprès des nombreuses organisations qui se mobilisent ; mais surtout, faisons en sorte de ne pas provoquer d'autres victimes demain en continuant à émettre des gaz à effet de serre. Cela passe par des décisions radicales quant à nos moyens de transport, de chauffage et d'isolation, d'alimentation, et d'achats. Pensons-y ce soir en particulier, devant nos crèches, nos sapins, et nos réveillons. 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
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