TRIBUNE CHRÉTIENNE - En ce début de courte semaine en raison du 8 mai et de l’Ascension, Elisabeth Walbaum s’interroge sur ce temps de pause que représentent les ponts entre les jours fériés du mois de mai. Du repos pour certains qui le peuvent mais aussi de la culpabilité au regard de ceux qui continuent de travailler.
Franchement, sont-ils nombreux les auditeurs ? On est entré dans le tunnel des ponts de mai, et je me pose la question ! Combien sont en vacances en ce moment ? Je ne me moque pas, nous avons besoin de souffler, Et puis aujourd’hui, c’est la journée mondiale du coloriage, profitons-en !
Oui, bien sûr, il y a un moment où il faut savoir s’arrêter ! Quel plaisir, quelle joie même de se reposer ! Changer d’air, ralentir le rythme, se retrouver entre amis ou en famille, vadrouiller ou rester simplement chez soi. Il ne faut certainement pas bouder ce plaisir !
Il faut reconnaître que ce temps des ponts peut être amer. D’abord à ceux qui ne partent pas. A ceux qui n’en ont pas les moyens ou à ceux qui n’en ont plus les moyens. A ceux qui, dans beaucoup de métiers, et particulièrement dans tout le secteur de l’action sociale, vont continuer à faire tourner le service ou l’association, travailler alors que leurs collègues se reposent. Pour tous ceux qui ne partent pas, les temps de pause ont plutôt le goût de la solitude et d’un surcroît de travail !
Et puis chez ceux qui font le pont, il y a probablement un peu de culpabilité. Comment ceux qui restent vont-ils pouvoir fournir le même accompagnement alors qu’ils seront moins nombreux ? Fonctionner en mode dégradé ? Au ralenti ?
Ce n’est pas si simple, parce que le travail social ne s’arrête pas ! Salariés en congés, bénévoles en pause… Dans les prisons, les foyers d’accueil, les hôpitaux, les Ehpad, les visites sont plus rares. Et il y a une réalité essentielle : les personnes que nous accompagnons, elles, n’ont pas de pause de leur vulnérabilité. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On leur propose de participer à la journée mondiale du coloriage, à elles aussi ?
Au milieu de toutes ces interrogations, je trouve les mots pleins de confiance de Mathilde, cheffe de service du Centre de santé de l’Abej SOLIDARITÉ à Lille, membre de la FEP : « Au retour, nous voilà reconnaissants pour le temps de pause dont nous avons pu profiter, dont nous avions tant besoin. Nous voilà reconnaissants que le service ait pu rester ouvert pendant les absences de chacun, reconnaissants de retrouver nos collègues ainsi que les personnes accompagnées, et de nous remettre en route ensemble. » Et moi j’ai envie de rajouter, voilà des mots qui apaisent les culpabilités et les inquiétudes, des mots qui nous rassurent : ce n’est pas parce que nous sommes dans le tunnel des ponts que notre route s’achève !
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