LE POINT DE VUE DE STÉPHANE VERNAY - Les adversaires politiques du premier ministre menacent ce dernier de voter une motion de censure contre le gouvernement Barnier. Ces menaces à l'encontre du gouvernement s'expliquent dans le contexte de l'examen du budget de l'État.
La menace, formulée par les adversaires du Premier ministre, n'est pas nouvelle, mais elle s'est précisée très sérieusement la semaine dernière, notamment du fait de la pression mise sur Marine Le Pen par son propre camp, qui lui reproche d'être trop conciliante avec le pouvoir en place.
Deux sondages : Elabe et Ipsos, publiés la semaine dernière montrent que les sympathisants du RN sont désormais très favorables au vote d'une motion de censure, qui entraînerait la démission du gouvernement. Ce n'était pas le cas il y a un mois seulement. L'opinion travaille, et Marine Le Pen a dit clairement, mercredi, sur RTL, qu'elle pourrait faire voter ses députés contre Michel Barnier.
Le Rassemblement national n'a pas la majorité nécessaire à l'Assemblée pour faire voter la censure mais il peut l'avoir en ajoutant ses voix à celles de la gauche. Les présidents des partis qui composent le Nouveau Front populaire ont confirmé leur intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement au cas où ce dernier ferait passer le budget par "49.3", ce qui devrait arriver, selon toute vraisemblance, en décembre. Gauche et extrême droite ont désormais une grosse envie de s'allier pour renverser la table.
L'actualité du moment laisse à penser une alliance entre les deux camps politiques. Mercredi dernier, les députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement National ont voté main dans la main, en commission des affaires sociales, pour abroger la réforme des retraites. Le texte sera examiné en séance publique jeudi prochain, dans l'hémicycle, et il a toutes chances de passer à nouveau. Ce sera la preuve que le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national peuvent s'entendre pour défaire le pouvoir.
Deux choses peuvent faire changer la situation. La première, c'est que Marine Le Pen peut encore changer d'avis. Elle a rendez-vous ce matin à Matignon, avec Michel Barnier, qui va recevoir les présidents des groupes parlementaires toute la semaine. Il commence par la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée. Elle va lui faire part d'un certain nombre d'exigences, et pas que sur le budget, et on peut imaginer qu'elle revoit sa position en fonction de ce que pourrait lui concéder le Premier ministre.
La seconde, c'est qu'une certain nombre de députés du Parti socialistes commencent à se demander s'ils ont vraiment intérêt à faire tomber le gouvernement maintenant. Le vote d'une motion de censure aurait aussi pour effet de faire capoter le budget, ce qui risquerait d'avoir des conséquences désastreuses sur l'économie et les finances du pays. A un moment où la France n'est pas au mieux de sa forme, ce ne serait pas la meilleure idée du monde. On peut donc encore échapper au pire. A condition d'avoir une majorité de députés un tout petit peu responsables à l'Assemblée. Mais est-ce encore le cas ?
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