DÉMÊLEZ AVANT DE JUGER ! - C’est un préjugé qu’on entend régulièrement parmi les nouvelles personnes qui arrivent et qui veulent comprendre ce qui se joue. Le préjugé est le suivant : les musulmans veulent imposer la charia en France.
La charia représente dans l'islam diverses normes et règles doctrinales, sociales, cultuelles et relationnelles édictées par la révélation. Ces règles codifient à la fois les aspects publics et privés de la vie d'un musulman, ainsi que les intéractions sociales. Et certains principes énoncés dans ces règles sont incompatibles avec les principes ayant qualité de droits humains adoptés par la France, par exemple la liberté religieuse.
Est-ce qu’on parle de tous les musulmans de France, donc 7 à 8 % des français ? Ou encore uniquement de ceux qui pratiquent donc cela réduirait encore plus ce pourcentage ? Ou encore d’un courant particulier de l’islam ? Ou ne serait-ce pas plutôt des courants politiques étrangers qui influent en France ? Par ces questions qu’on peut déjà se mettre d’accord sur le fait que cette phrase est réductrice, que la réalité est bien plus complexe.
En effet, il existe un islam politique et des projets politiques qui se basent sur l’islam pour construire une société. Il y a également des pays qui appliquent la Charia comme loi civile. Par contre, ce n’est pas une exception de l’islam, la majorité des religions défendent une vision de société. Par exemple, on peut parler de la doctrine sociale de l’Église.
Donc la question qui habite les civilisations depuis des milliers d’années, est donc de savoir comment construire ensemble une société avec ces diversités de convictions et ce préjugé met en lumière une peur qu’une conviction religieuse prenne le dessus.
Alors pour éviter le mélange religion et État, on a développé des cadres. En France, ce cadre s'appelle la laïcité. C’est son objectif principal : séparer les Églises de l’État, laisser au civil ce qui est au civil et à la foi ce qui est à la foi. Mais comme c’est un sujet complexe, c’est un sujet de tout temps qui a été polémique alors qu’il faudrait justement que ce soit un sujet de fond, auquel on laisse du temps et sur lequel on met beaucoup d’intelligence. Et aujourd’hui, à l'inverse, la laïcité est utilisée comme un concept en réaction à chaud. On l’observe plus souvent utilisé comme argument contre les citoyens et même contre des élèves, des adolescents et des adolescentes plus que comme un cadre d’analyse de fond pour réguler les liens entre États et religions.
Aujourd'hui ce préjugé n’a pas pour effet d’accroître la vigilance, il a plutôt comme effet de mettre en accusation une partie de notre population, de surfer sur la peur pour justifier les discriminations et les différences de traitement faites à nos concitoyens musulmans par rapport à nos concitoyens d’autres convictions religieuses ou spirituelles.
Déjà sortons de chez nous, allons nous renseigner auprès de personnes concernées en les écoutant sincèrement, vérifions les sources de nos informations. Ensuite, faisons confiance en la démocratie, battons les idées par les idées. Vous avez déjà vu une personne, que dis-je, un français ou une française, qui acceptait qu’on réduise ses droits ? Bon effectivement peu. Mais vous pouvez me dire oui car ça a déjà eu lieu. Il y a un lien direct prouvé entre la montée de la peur et l’acceptation de règles sécuritaires qui réduisent les droits et libertés. Donc c’est pour ca qu’il ne faut pas céder à la peur. Surtout que vraiment, elle est irrationnelle. Les français musulmans sont en minorité, notre démocratie est à la majorité, jamais la charia ne sera mise en place.
Par contre, un régime autoritaire parce qu’on cède à la peur, cela a déjà été vu et les risques sont plus grands. Donc accrochons nous au cadre de liberté de 1905, recentrons le débat sur l’équilibre entre la liberté de culte et la séparation de l’État avec les cultes, trouvons cet équilibre et traitons tous les cultes présent sur le sol français de la même manière. En somme, je nous invite juste à rester laïcs.
Une nouvelle chronique pour déconstruire les préjugés.
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