Politique fiction à vélo pour changer de monde, par Alexandre Poidatz

Pour jouer sur les imaginaires, je vous propose une situation où le candidat à l’élection présidentielle en France ferait son dernier meeting de campagne à vélo. Imaginez, on serait entre Aix-en-Provence et Marseille, 30 kilomètres à vélo pendant lesquels il soufflerait dans un micro attaché à son casque, et dont le discours serait retransmis à la radio. Autour de lui, 3 000 vélos qui le suivent, comme un Tour De France.

si on doit tous faire des efforts face à la transition écologique

Ce serait puissant car si on doit tous faire des efforts face à la transition écologique, certains portent plus de responsabilité. Certains portent même un pouvoir symbolique d’influence sur notre culture commune, comme la fonction de Président de la République.

Le vélo pour changer le pays

Lors de son meeting, le candidat dirait que si quelqu’un choisit de passer de la voiture au vélo pour aller au travail, il doublerait son temps de trajet. Il va certes perdre sur l’ensemble de sa vie active 0,6 année à cause du vélo. Mais il va aussi gagner 2,5 années d’espérance de vie. Il nous raconterait que le vélo ne pollue pas quand il roule, mais aussi très peu lors de sa fabrication. 

Il dirait que le vélo est le moyen qui pourra réconcilier les privilégiés des hyper-centres et les zones périphériques des gilets jaunes. Une France où on pourrait trouver tout service essentiel à moins de 8 kilomètres de toute commune. Une France avec des voies vertes partout et seuls les gros axes encore dédiés à l’automobile. Le pays serait changé.

Changer de rythme

Ce serait donc un nouveau projet de société… Ce candidat montrerait finalement que le vélo est une métaphore d’une France à un rythme différent, plus lent que nos quotidiens actuels.

Pourquoi ralentir ? Pour être au rythme de la nature, profiter de la vue des étoiles dans le ciel ; profiter du vent dans les arbres parce qu’on a décidé de consacrer son après-midi à une promenade en forêt ; profiter du chant des oiseaux, parce qu’on s’arrête pour les écouter.

Ralentir le rythme pour avoir le temps de vivre

Ralentir parce que les personnes les plus vulnérables ne peuvent pas aller aussi vite que la productivité actuelle, et pour avoir le temps de s’occuper des plus précaires. Ralentir le rythme, c’est pourvoir mieux contempler. Ralentir le rythme pour avoir le temps de vivre.

Ah et j’oubliais de vous dire, j’ai une bonne nouvelle : ce candidat existe ! Enfin pas dans la réalité, mais dans un roman qui s’appelle "Paresse pour tous". Je vous le conseille vivement. Il raconte l’histoire d’un candidat à l’élection présidentielle en France, Emilien Long, prix Nobel d’économie, qui aurait pour programme de réduire le temps de travail à 15h par semaine. Seulement 3 heures de travail par jour avec la promesse que le temps de travail libéré permette de profiter de la vie dans toutes ses composantes.