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Pourquoi continuer à faire des chroniques sur l’écologie ? Par Marie-Hélène Lafage

Un article rédigé par Marie-Hélène Lafage - RCF, le 10 septembre 2024 - Modifié le 10 septembre 2024
Le point de vue de 7h20Pourquoi continuer à faire des chroniques sur l’écologie ? Par Marie-Hélène Lafage

LE POINT DE VUE DE MARIE-HÉLÈNE LAFAGE - À quoi bon parler d’écologie quand rien ne semble avancer, ou si lentement, sur ce terrain-là ? Quand les mauvaises nouvelles sur le climat nous minent le moral, dans un quotidien déjà bien chargé ? Quand on a parfois l’impression qu’on nous en rabat les oreilles ? On en parle pour alerter et décrypter les discours à l'heure où tout semble écolo. 

Marie-Hélène Lafage © RCFMarie-Hélène Lafage © RCF

Marie-Hélène Lafage, consultante et enseignante en politiques de transition écologique, se demande "à quoi bon parler encore d'écologie ?"

Parler pour alerter et par conviction

C’est la 2e année que je viens faire ces chroniques sur l’écologie à la radio et en cette période de rentrée, où chacun reprend ses activités, ça m’a semblé utile, comme pour tout le monde, de me demander pourquoi continuer, et dans quel état d’esprit. Depuis pas mal d’années que je prends la parole sur l’écologie à mon niveau, dans les médias, dans des conférences et des formations, j’ai été pas mal confrontée à cette question, "à quoi bon parler d’écologie ?". D’abord il reste encore cette idée qu’on parle d’écologie pour "alerter". Mais la maison brûle, comme le disait Jacques Chirac, depuis déjà un bon bout de temps. On le sait. Vient ensuite le sentiment de répéter des messages dans le vide : ce "on sait" cède alors rapidement la place à de la lassitude voire de l’éco-anxiété. Et puis, d’un autre côté, quand on prend la parole face à l’urgence, on a aussi un sentiment accru de responsabilité, la conviction qu’on ne peut pas se taire.

Décrypter les discours à l'heure où tout le monde semble écolo

Il me paraît de plus en plus essentiel de décrypter les discours à l’heure où tout le monde semble écolo. Même notre nouveau premier ministre, Michel Barnier, semble cocher la case. Il faut en parler pour se demander si on est dans du simple verdissement ou dans du réel changement. Il faut en parler pour éclairer les constats, en montrer la portée concrète, montrer qu’il ne s’agit pas de grands problèmes qui nous dépassent mais de responsabilités individuelles et collectives, et que nous sommes face à des choix. Il faut en parler pour ne pas perdre le fil de la discussion collective, pour se sentir moins seul avec ces questions, et donner envie de se mettre en mouvement. Il faut avoir une parole qui recrée du pouvoir d’agir. Il faut bien en parler, enfin, même si ça nous dérange, parce que si ça vient gratter au niveau de nos idées toutes faites, des puissances établies ou de notre petit confort, c’est peut-être pas si mal. Il reste à la parole sa force d’interpellation, de mise en lien, de mise en mouvement. Et nous chrétiens, comment pourrait-on ne pas croire à la force de la parole ?

 

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