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Projet de loi fin de vie : un défi pour notre humanité, par Benoist de Sinety

Un article rédigé par Benoist de Sinety - RCF, le 31 mai 2024 - Modifié le 31 mai 2024
Tribunes chrétiennesProjet de loi fin de vie : un défi pour notre humanité, par Benoist de Sinety

LA TRIBUNE DE BENOIST DE SINETY - Projet de loi sur la fin de vie : Pour Benoist de Sinety cette loi répond à des demandes individuelles et accélère un peu plus encore la décomposition de la société.

Benoist de Sinety. © Hans Lucas / P. GaillardinBenoist de Sinety. © Hans Lucas / P. Gaillardin

Voici donc que dans le brouhaha entretenu d’une actualité qui nous disperse et nous déroute, la loi que nul n’ose appeler par son nom. Cette loi appelée pudiquement "sur la fin de vie" et dont le Président de la République nous expliquait dans un sourire grave en mars dernier qu’elle allait nous permettre de "regarder la mort en face" se révèle pour ce qu’elle est dans le débat parlementaire qui commence : une loi ouvrant droit et à l’euthanasie et au suicide assisté. Voici un "en même temps" préoccupant…

D’autant que, et tous les médecins travaillant dans les services de soins palliatifs le reconnaissent : à peine 3% des patients arrivants demandent explicitement à mourir. Et que ce nombre tombe à 0,3 voire à zéro au bout de quelques jours quand les traitements et l’immense humanité dont ils bénéficient, apaisent leurs angoisses.

"On a fait des patients atteints de la maladie de Charcot, par exemple, l’archétype de ceux qui attendent une telle loi" me confie une responsable, depuis trente ans, d’un de ces services. "En fait, beaucoup de patients sont furieux d’être embarqués dans ce genre de débat, comme s’ils devaient faire bloc autour de quelques cas médiatisés parce que célèbres. Comme si le fait d’avoir cette maladie rendait obligatoire de vouloir mourir."
 

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À qui s'adresse vraiment cette loi ?

Ce qui donne envie de mourir aujourd’hui c’est d’être seul devant l’angoisse de la mort et des souffrances. Celui qui veut mourir, c’est le vieillard perclus de douleurs dans la solitude de son EHPAD. Celui qui veut mourir c’est celui qui a le sentiment de n’être plus rien pour personne et qui s’angoisse de devenir une charge, un coût pour la société (à force qu’on le lui répète, il a fini par l’intégrer !), pour ses descendants. Cette loi est le fruit de lobbies et en aucun cas de médecins. Elle est rédigée et discutée par des gens en bonne santé, portés par une société de performance et qui se refusent, intellectuellement, à s’imaginer dépendants, eux qui pensent pouvoir décider de tout.

Cette loi met en péril à court ou moyen terme la sécurité des vieillards qui ne pourront plus communiquer et dont on jugera qu’ils fragilisent les finances publiques. Elle met en danger les blessés et les malades qui auront formulé, à l’époque de leur pleine santé, le désir d’être euthanasiés, mais qui ne pourront plus, faute de pouvoir communiquer, faire machine arrière. Elle fragilise les personnes dépressives qui pourront, comme en Belgique demander le suicide assisté pour causes de "souffrances psychologiques insupportables" comme cette rescapée des attentats de Bruxelles, Shanti de Corte, en 2022.
 

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Est-ce que cette loi est une réponse ?

Cette loi se veut une réponse à des demandes individuelles et accélère un peu plus encore la décomposition d’une société qui n’est plus qu’un groupe d’individus capricieux qui exigent de l’État d’être traités comme des enfants uniques tout en revendiquant la liberté des adultes. Il est rassurant que des députés de différents partis, André Chassaigne par exemple pour le PCF ou Philippe Vasseur pour les LR puissent dire haut et fort leur effroi devant ce qui se trame. Il n’en est que plus désolant de voir la mollesse intellectuelle du reste, qui, n’osant s’opposer, se rallient en silence. 

Reste à savoir comment réagir ? Sans doute nous faut-il prier et travailler pour que les disciples du Christ, dans cette décomposition qui s’annonce, puissent être des prophètes de la dignité innégociable de toute vie humaine et sachent trouver des modes d’actions pour le manifester concrètement plutôt que de s’en tenir aux discours et aux gémissements.
 

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