Ravel et les jeux paralympiques

Un article rédigé par Vincent Belotti - RCF, le 2 septembre 2024 - Modifié le 10 septembre 2024

Une flamme accueillie et accompagnée de 150 danseurs sur fond du Boléro de Maurice Ravel. C’était l’une des images fortes de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques sur la place de la Concorde mercredi dernier. Mais une autre œuvre du compositeur pourrait aussi servir de symbole d’intégration, de la musique au sport. C’est ce que nous raconte Hamou Bouakkaz pour ce premier rendez-vous d’ "Halte aux préjugés." .

Hamou Bouakkaz : "Le pianiste comme les athlètes ont fait plus parce qu’ils avaient moins." - ©PixabayHamou Bouakkaz : "Le pianiste comme les athlètes ont fait plus parce qu’ils avaient moins." - ©Pixabay

Musique introductive de l'émission : extrait du Concerto pour la main gauche de Ravel interprété par Yuja Wang

Aveugle de naissance, Hamou Bouakkaz s'est profondément engagé dans la politique et le milieu associatif, avec l'objectif de changer le regard sur le handicap. Aujourd'hui, il revient sur l'ouverture des Jeux paralympiques à Paris. 

Alors pour ce premier rendez-vous, vous avez choisi de parler des Paralympiques, à Paris. Mais en faisant un parallèle avec le Concerto de la main gauche de Maurice Ravel. Quel rapport entre les deux ?

Eh bien laissez-moi vous raconter une belle histoire. Il était une fois un pianiste virtuose qui avait perdu sa main droite à la guerre. Sans sa main droite, il ne peut plus jouer de piano. Mais ce pianiste n’est pas homme à renoncer. Alors, il envisage de commander au grand Maurice Ravel un concerto jouable entièrement de la main gauche. Et comme Ravel n'est pas un manchot, l’œuvre est absolument magnifique et depuis 1931, cette œuvre est au programme de tout grand pianiste qui se respecte.

Mais que montre donc ce concerto ?

Eh bien tout simplement que le handicap a stimulé la créativité du compositeur. Et que dans le même temps, la créativité du compositeur a permis au pianiste handicapé de devenir virtuose avec sa singularité.

L’histoire est très belle. Mais elle ne dit pas quel est le rapport avec les Jeux paralympiques ? 

C’est un peu la même histoire. C’est tout simple, en fait, c'est un peu la même histoire. Elle se passe en Angleterre, à Stoke Mandeville. Sir Ludwig Guttmann, est un neurologue allemand ayant fui le nazisme. Il a compris que pour accélérer la guérison des paraplégiques, il fallait les stimuler et les stimuler par le sport. Et donc, il a organisé des compétitions pour les patients en fauteuil roulant. Et ça a tellement bien marché qu’en 1960, les compétitions se sont organisées à Rome, parallèlement avec les Jeux olympiques et c’est la naissance des Jeux paralympiques.  

Cela signifierait donc que le handicap a aussi été moteur d'un enrichissement ? 

Exactement, le pianiste comme les athlètes ont fait plus parce qu’ils avaient moins. Mais en plus, aux Jeux paralympiques, on découvre aussi des athlètes aux corps hors norme qui aspirent à vivre la même vie que les autres.

Mais est-ce que cet événement, aussi fort soit-il, va vraiment changer les choses concernant le handicap ?

À l’évidence, non. Einstein disait que "pour vaincre un préjugé, il fallait plus d’énergie que pour détruire un atome." Mais les millions de téléspectateurs qui auront vibré aux exploits des athlètes handicapés, deviendront chacun à leur niveau des acteurs de l’inclusion, inspirés par l'esprit des Jeux paralympiques. 

La devise des Jeux paralympiques est d'ailleurs "l’esprit en mouvement"...

Oui ! Alors comme Maurice Ravel a fait bouger la musique, faisons le vœu que l’esprit en mouvement fasse bouger la France !

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