Lundi matin, le président Macron était à Toulouse pour fêter les deux ans de son plan "France 2030". Un programme qui vise à réindustrialiser la France... et qui fait réagir Joseph Thouvenel.
Voici plus de 30 ans que la « réindustrialisation de la France » est un leitmotiv du monde politique et économique, suscitant nombre de rapports d’experts, accompagnés par une myriade d’agences, pôles, états-généraux, conférences nationales, groupes de travail, conseils nationaux. J’ai moi-même siégé quelques années au sein du Conseil National de l’Industrie… pour quel résultat ?
D’après le directeur général de la Banque Publique d’Investissement, la France a perdu 2 millions 200 mille emplois industriel depuis 1980. Un drame social et économique, révélateur d’une forme de renoncement. Renoncement en terme d’indépendance et de souveraineté, renoncement à porter une ambition collective structurante pour le pays.
Où sont les grands projets industriels portés par le passé ? L’autonomie énergétique à travers le nucléaire, les transports avec le TGV, Airbus, la conquête spatiale, les télécommunications etc. Des réalisations d’une telle ampleur passent par l’envie d’une certaine grandeur portée par une vision stratégique.
Si de nombreux français-patrons d’entreprises (Je préfère le terme de patron à celui d’entrepreneur, trop associé à mon goût à pompes funèbres), salariés, artisans, commerçants- transmettent un savoir-faire, une ambition, un projet, ceux-ci se fracassent bien trop souvent sur le mur de la médiocrité de nos « élites » installées.
À quelques rares exceptions près, l’obsession d’ambitions de carrière, l’emporte largement sur le souci du bien commun et du service de la nation. Pourtant nous avons encore un extraordinaire potentiel, encore faut-il le préserver et le développer plutôt que l’affaiblir ou le brader au plus offrant.
Inflation importante, budget déséquilibré, endettement en augmentation constante, cette situation financière des plus alarmantes est celle de… la IVe République.
Et pourtant le redressement eu lieu, en assainissant la situation financière du pays et quelques idées simples. Il n’y a pas d’indépendance nationale si notre économie est tributaire de l’extérieur, notamment en matière énergétique ; nous avons besoin d’une fiabilité de nos infrastructures de transport et de télécommunications ; nous devons développer des industries de pointe en nous appuyant sur les nouvelles technologies.
Par ailleurs, il convient de rappeler le rôle primordial de l’enseignement pour former des générations capables de maîtrise intellectuelle et technique.
Quand le général de Gaulle s’exclame : « l’intendance suivra », ce n’est pas par désintérêt pour l’économie. Il pose simplement l’ordre des choses : la finance est au service de l’industrie et non le contraire.
L’aventure industrielle dépasse largement l’utile création de richesse, elle permet la participation active à la vie de la cité, par l’élaboration, la fabrication ou la commercialisation d’objets et de systèmes portés par la science et le génie humain. Encore faut-il ne jamais perdre de vue que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme l’affirmait si justement Rabelais.
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