LA CHRONIQUE D'ARNAUD BOUTHÉON - Pour sa dernière chronique, Arnaud Bouthéon réaffirme le lien fort entre religion et foi, en insistant sur ce qui relie l'un à l'autre.
Nous arrivons au terme de ce compagnonnage, j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, aurait dit l’apôtre Paul, avec, je fais essayer, dans le sprint final, de donner le meilleur de moi-même vous dire, en quoi je crois, fondamentalement, dans cet œcuménisme symphonique entre sport et foi !
Le sport initie et accompagne un combat intérieur de vie qui nous lie à notre socle divin, ou au contraire, nous raccroche à notre seul égo. À travers cette opposition, nous arbitrons un match entre deux protagonistes célèbres : Dostoïevski et Nietzsche. Le jésuite français Henri de Lubac commentait l’affrontement en ces termes : « ces deux hommes ont vu se scinder en deux le chemin qui part de l’homme et tandis que l’un devait céder à la séduction de la voie qui prétend mener à l’homme devenu dieu, au « surhomme », l’autre s’est engagé sur le chemin au bout duquel on trouve le Dieu fait homme ». La foi chrétienne vient sublimer l’humanité merveilleusement célébrée par le sport, cet exercice humain, très humain, dans ses limites et ses finitudes, et dans son ouverture à l’infini….
Le christianisme convoque notre personne, l’invitant à s’élever dans l’acceptation de sa faiblesse. Il vient nous propulser dans une autre dimension qui nous transforme par le don de nous-même. Cette bascule est une métanoïa, ou transformation de soi pour partager le trésor de l’humanité : celui est « d’être » en se donnant. Tout ceci, le sport le pressent. Le sport, exprime la joie dans le don. Il l’exprime, avec ses mots et ses émotions. Il le vit non dans la théorie de l’idée mais dans la réalité de l’action incarnée, avec audace et joie, dans le dépouillement.
Il y a ce saut qualitatif du bond dans la foi qui est l’abandon de nos propres forces. Face à notre finitude mortelle, le sport nous dit que nous sommes déjà face à face avec le Créateur. Sur ce terrain boueux d’humanité, nous y voyons : la volonté habitée par la grâce ; la discipline remplacée par l’amour sans retour ; l’adversité vaincue par la sainteté ; la compétition balayée par la communion. Dans le sport, je me dépasse et dans la foi, je me laisse dépasser par le Christ qui ouvre la voie, tel un pisteur. Je suis à chaque instant l’athlète de ma vie, dans l’exercice plein et souverain de ma liberté, cette liberté qui est la preuve de Son amour divin. Je me sais appelé à ma propre transformation. Par Sa grâce. Je boite et je suis appelé. C’est parce que je boîte que je suis appelé, pauvre et bienheureux larron.
Je vous souhaite à tous de bons et saints Jeux Olympiques, dans l’enthousiasme de notre résurrection.
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