Véronique Devise - Le projet de loi asile et immigration risque de renforcer les préjugés sur les personnes exilées

Ils fuient des contrées devenues inhospitalières en raison du dérèglement climatique comme au Bangladesh, d'autres fuient la guerre ou la famine ou encore la dictature comme en Érythrée... La majorité des personnes s’exilent dans les pays frontaliers au leur car ils n’ont pas les moyens d’aller plus loin. Les premières régions d'accueil sont l’Asie et l’Afrique avec 46 % des personnes exilées.

 

L’Europe est devenue une forteresse

 

Aujourd’hui avec la mise en place de Frontex, l’Europe est devenue une forteresse. Ceux qui arrivent chez nous, sont ceux qui ont l'énergie, le courage et souvent la jeunesse pour eux. Ceux qui sont prêts à accepter n'importe quel travail pour survivre. Mais aucun d'eux ne mesure l’ampleur des traitements inhumains qui les attendent tout au long de leur parcours. Pourtant. elles veulent s’intégrer, et construire un avenir pour elles et leurs enfants, la migration peut être une richesse pour notre pays si nous acceptons de les accueillir dignement. 

 

Des familles qui travaillent et qui galèrent

 

Ce matin, je voudrais évoquer la difficulté éprouvée par les personnes pour obtenir un titre de séjour malgré leur intégration dans la société et particulièrement pour les demandeurs d’asile. Je pense à cette famille congolaise (RDC) rencontrée récemment au Secours catholique-Caritas France, elle vit depuis cinq ans en France. Fatou, la maman, a obtenu une promesse d’embauche en CDI, son mari aussi. Malheureusement sans l’obtention de leurs papiers, ils ne peuvent pas commencer à travailler malgré la volonté de leurs employeurs. En attendant, elle fait ce qu’elle peut pour s’intégrer, elle est bénévole au Secours catholique, son mari dans une autre association. Les enfants sont scolarisés. Toute la famille est intégrée en France.

 

Le Secours catholique nous invite à aller à la rencontre de personnes qui travaillent mais qui galèrent dans notre pays. Toutes ces personnes qui participent à notre vie citoyenne, sociale, amicale. Mais à qui on refuse le droit à des papiers. Ces fameux papiers qui pourraient leur permettre de souffler, de ne plus s'inquiéter tous les jours que Dieu fait et de ne pas être la proie de marchands de sommeil ou d'employeurs mal intentionnés.

 

Le projet de loi asile et immigration risque de renforcer les préjugés sur les personnes exilées

 

Un projet de loi asile et immigration va passer devant les parlementaires en mars. Nous craignons qu’il renforce les préjugés sur les personnes exilées. Nous pensons qu’il faut en sortir et avoir une réflexion sereine construite, non pas sur les peurs, mais sur la réalité de milliers d'hommes et de femmes en France que nous maintenons dans la pauvreté faute d’un véritable accueil. 

 

Partout en France les délégations du Secours catholique invitent les parlementaires à venir rencontrer leurs bénévoles et des personnes migrantes. Pour créer un dialogue constructif en partant de la parole des exilés. Merci à celles et ceux qui accepteront l'invitation et sauront défendre notre humanité commune.

 

Car nous ne sommes pas condamnés à l’inégalité ni à la paralysie face à l’injustice. Le monde riche et une économie prospère peuvent et doivent mettre fin à la pauvreté, a déclaré le pape devant les participants lors d’une intervention qui n’était pas programmée. Ayons cette volonté politique de lever les freins à l’insertion des personnes migrantes pour enfin construire un monde plus juste et fraternel. 

 

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Pour aller plus loin :

- Personnes sans papiers pourquoi les régulariser ? 

- Stella Dupont : "Il faut que les étrangers qui travaillent puissent être régularisés"

- Migrants : "Non, la France n’est pas submergée"

 

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Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.

> La chronique du Secours catholique-Caritas France