POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - En juillet 2023, la France entière s’enflammait dans des émeutes urbaines d’une rare violence. Ces dernières semaines, à Montpellier dans l’Hérault, à Viry-Châtillon au sud de Paris, à Grande-Synthe dans le Nord - autant dire à travers toute la France -, des faits divers tragiques impliquant des adolescents ont marqué les esprits. Leur écho médiatique, amplifié par le haut-parleur des chaînes d’info en continu, a contraint l’État à apporter une réponse.
À Viry-Châtillon, là même où un jeune de 15 ans avait été mortellement passé à tabac à quelques mètres de son collège, le Premier ministre a souhaité un "sursaut d’autorité" et promis "l’impunité zéro" aux auteurs de tels actes. Bien malin celui qui pourra dire la part réelle, dans ce discours de fermeté, de coup de com à l’approche d’un scrutin européen qui ne manque pas d’enjeux nationaux, et de véritable volonté d’en finir à travers des choix politiques efficaces.
Oui, notre société nécessite un regain d’autorité, que ce soit dans les quartiers, dans le cadre scolaire et au sein même des familles. Les recettes proposées par le Premier ministre sont nombreuses, et inégales : sanctions à l’égard des parents « démissionnaires », internat pour les ados intenables, répercussions sur le bulletin scolaire et Parcoursup pour les fauteurs de troubles, durcissement de la réponse pénale... Gabriel Attal promet aussi "une grande consultation" sur la violence des mineurs. D’expérience, les grandes commissions permettent de calmer l’opinion, mais rarement de trouver des solutions pérennes.
Attaquons-nous aux raisons profondes de cette escalade de violence chez les jeunes toujours plus jeunes, d’ailleurs. Parmi ces raisons, le Premier ministre a pointé le séparatisme islamiste. Des ados décrètent ainsi faire la loi au nom des préceptes de l’islam. Ce n’est pourtant pas parce que ces délinquants sont trop croyants qu’ils commettent de tels crimes, mais bien parce qu’ils croient pratiquer une religion, et ne croient finalement en rien !
Dans les colonnes de Famille Chrétienne, le Père Jean-Marie Petitclerc explique que "la foi est vécue uniquement dans des codes culturels, le communautarisme et une démarche identitaire". "Le questionnement spirituel n’est plus vraiment pris en compte", ajoute l’éducateur et prêtre salésien. Voilà bien le fond du problème.
Il faut forcément passer par un retour de l’autorité et la lutte contre l’islam radical. Mais cela ne suffira pas. Il convient de combler le trou béant dans lequel errent de trop nombreux jeunes. Lors des émeutes de l’été 2023, le pillage de magasins de vêtements de grandes marques par des jeunes désœuvrés avait donné un indice amer de cette soif de paraître, de posséder, dans un vide existentiel absolu.
Avec les familles et l’école, l’État doit au contraire leur permettre d’avoir foi en leur avenir, en s’identifiant à une nation et en apprenant la valeur des actes posés plus que celle des biens accumulés. Être, avant d’avoir. Et pour donner du sens, les chrétiens peuvent apporter leur pierre.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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