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Jubilé 2025 : que retenir du concile de Nicée ?

Un article rédigé par Odile Riffaud - RCF, le 29 novembre 2024 - Modifié le 29 novembre 2024

À l'occasion du jubilé 2025, les catholiques sont invités à célébrer le 1700e anniversaire du concile de Nicée. Nature divine de Jésus, lutte contre l'arianisme... Que retenir de cette assemblée d'évêques qui a eu lieu aux premiers temps du christianisme ?

Le premier concile de Nicée a été convoqué en 325 par l'empereur Constantin ©Wikimédia CommonsLe premier concile de Nicée a été convoqué en 325 par l'empereur Constantin ©Wikimédia Commons

Le 24 décembre 2024 au soir le pape François va officiellement lancer le jubilé de l'espérance en ouvrant la Porte sainte. Une année jubilaire a lieu traditionnellement tous les 25 ans dans l'Église catholique. Or, la précédente remonte à 2015. Mais si une nouvelle a lieu en 2025, c'est pour marquer le soixantième anniversaire du concile Vatican II et les 1700 ans du concile de Nicée. Dans une lettre, les évêques de France déclarent qu'il y a "un lien entre l’Espérance à laquelle invite le jubilé et le concile de Nicée". Qu'est-ce qui s'est passé lors de ce concile ? En quoi a-t-il changé quelque chose à la foi chrétienne ? Qu'en retenir, 1700 ans après ?

L'histoire du christianisme ponctuée par les conciles

Il y a eu des conciles à Carthage, Rome, Tolède, Rouen ou Compiègne... L’histoire du christianisme est ponctuée par ces réunions d’évêques dès le IIIe siècle. La plupart étaient des assemblées régionales au cours desquelles il s’agissait de régler des points de discipline au sein des communautés chrétiennes locales. Une habitude qui s'est peu à peu instituée.

Certains conciles sont dits "œcuméniques", ou généraux : ils réunissent les évêques de toutes les régions. L’histoire des conciles montre bien combien le christianisme est marqué par des tensions et des schismes. Comme celui de 1054, qui a précipité la rupture entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident. Lors des conciles généraux, l’objectif était de préciser des points du dogme, le plus souvent en réaction à la diffusion de courants de pensée pressentis comme déviants.

L'assemblée de 325 à Nicée (dans l'actuelle Turquie) est le premier concile œcuménique. C’est aussi la première fois qu’un concile a été convoqué non pas par un évêque, ni même par le pape, mais par un empereur. En 313, Constantin a mis fin aux persécutions romaines contre les chrétiens, avec l'édit de Milan. Plus tard, en 337, il fera du christianisme une religion d’État - les Églises catholique et orthodoxe le considèrent comme saint. Mais si en 325, Constantin a convoqué le concile de Nicée, c’est surtout pour des raisons politiques. Des débats sur la nature divine du Christ engendraient de graves conflits dans le nord de l’Égypte.

Il faut imaginer une période d’intenses controverses théologiques, sur fond de persécutions. Et, en parallèle des débats lors des différents conciles, une production importante de lettres épiscopales. Ignace, l'évêque d’Antioche, Cyprien de Carthage ou encore Denys de Corinthe ont laissé des écrits auxquels on a pu accorder pour certains "une valeur normative" alors même qu’il pouvait s’agir de "lettres de circonstances", comme le décrit Marie-Françoise Baslez dans "Après Jésus - L’invention du christianisme" (éd. Albin Michel, 2020). C’est dans ce contexte complexe, foisonnant, que s’est tenu le concile de Nicée.

 

L’enjeu du concile de Nicée : l’identité de Jésus

L'identité de Jésus fait partie des nombreux thèmes qui ont animé les premiers débats doctrinaux. À partir de sa mort et de sa résurrection, dont les disciples ont été les témoins, de nombreuses questions ont été soulevées. Si le Dieu de la Bible est un et unique, peut-il avoir un fils ? Si Jésus est mort sur la croix, peut-il être de nature divine ? Jésus est-il un élu, un ange, un surhumain ? 

Les conciles avaient pour objectif de clarifier des points de doctrine comme de définir et écarter les théories jugées hérétiques. Dans "Après Jésus" l'helléniste Bernard Pouderon cite l’exemple des adoptianistes pour qui Jésus était un homme adopté par Dieu et "élevé à la condition divine par sa résurrection". Ou encore les ébionites, qui considéraient Jésus "comme un simple homme justifié par sa vertu".

La « plus célèbre des "hérésies" » est l’arianisme, selon Bernard Pouderon. C’est en réaction à celle-ci qu’a été convoqué le concile de Nicée. Élaborée par l’évêque d’Alexandrie Arius, au début du IVe siècle, cette doctrine "niait la consubstantialité, c’est-à-dire, l’égalité de substance du Fils avec le Père et considérait Jésus le Fils de Dieu comme une nature inférieure, subordonnée" (Source : Église catholique). 

Les débats christologiques, c’est-à-dire sur la nature divine de Jésus, menés lors du concile de Nicée sont l’héritage de réflexions élaborées au cours des IIe et IIIe siècles. Les évêques ont défini des dogmes à partir d’éléments qui étaient jusque-là pensés ou simplement vécus ou pressentis. Au cours des conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381), a été formulé le credo - c’est-à-dire la profession de foi que les chrétiens protestants et catholiques récitent encore aujourd’hui au culte ou à la messe. Il affirme que Jésus a été "engendré, non pas créé" et qu’il est "de même nature que le Père", c’est-à-dire tout aussi divin que le Père, "consubstantiel" à Dieu.

Plus tard, d’autres conciles se pencheront sur cette fois l’Esprit-Saint et la nature trinitaire de Dieu. Cette question a elle aussi soulevé bien des débats : l’Esprit-Saint procède-t-il du Père ou du Fils ou de l’un et l’autre ? La querelle du Filioque ("et du fils" en latin) précipitera le schisme de 1054 entre les Églises d’Orient et d’Occident.

 

1700 ans après, que retenir du concile de Nicée ?

L’histoire du concile de Nicée et des conciles en général nous permet de nous rendre compte que la religion catholique, avec ses dogmes et ses doctrines, s’est élaborée sur le temps long de la réflexion collective, à partir des Écritures et des témoignages de foi. Même une donnée aussi fondamentale que la nature divine de Jésus ne s’est pas imposée dès sa mort et sa résurrection.

Célébrer le 1700e anniversaire du concile de Nicée, c’est l’occasion de redécouvrir le dogme de la divinité et Jésus. Et sans doute de se demander à quoi cela engage de professer la "consubstantialité du Père et du Fils"...

C’est aussi l’occasion de se souvenir que lors de ce même concile, la fête de Pâques chrétienne a été dissociée dans le calendrier de la Pâque juive. Un élément à relier au fait que dès le IV siècle "la pratique cultuelle et rituelle juive" a été "considérée comme morte et mortifère", comme l’écrit Gavin D’Costa dans "Doctrines catholiques sur le peuple juif après Vatican II" (éd. Cerf, 2023). C’est lors d’un autre concile œcuménique, Vatican II, dont on célèbre les 60 ans en 1965, que l’Église catholique tentera de mettre fin à l’antijudaïsme chrétien.

 

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