À Noël, Dieu nous demande l'hospitalité

Sant'Egidio, quand la prière va de pair avec l'ouverture aux autres

"Nous vivons dans un pays riche, beaucoup ont une vie confortable... On est appelés à regarder autour de nous et à voir ce qui se passe autour de nous : il n’y a pas que des zones de confort autour de nous... Que fait-on ? Notre conscience, notre cœur, doit avoir cette question-là, toujours au fond de nous-mêmes." Ainsi Valérie Régnier, présidente de la communauté Sant’Egidio France, nous encourage-t-elle, en cette période de l’Avent à accueillir Jésus, c’est-à-dire à "faire de la place dans sa vie pour Jésus mais aussi pour le pauvre que l’on rencontre".

Le pape François a résumé ainsi la spiritualité de Sant'Egidio, "la communauté des trois P : prière, pauvres, paix" (le 4 mars 2018). La spiritualité de la communauté associe en effet fortement la prière à l’ouverture aux autres, particulièrement les plus vulnérables, dans le but de bâtir la paix. "La prière nous fait réfléchir à ceux qui sont autour de nous, explique Valérie Régnier, l’Église est celle de tous et particulièrement celle des pauvres, pour nous ce n’est pas une option, c’est une priorité."

Qu’est-ce que la communauté Sant'Egidio ?

La communauté est née en 68 avec Andrea Riccardi, à Rome. "Dans cet esprit de révolte, explique la présidente de la communauté en France, 1968 à Rome, c’était même plus violent qu’en France, c’étaient les Brigades rouges, des groupes anarchistes qui voulaient la justice à tout prix et pour tout le monde, de quelque manière que ce soit, aussi de manière violente s’il y avait besoin." 

C’est dans ce contexte qu’Andrea Riccardi a voulu puiser dans l’Évangile des ressources pour vivre dans une société plus juste et bâtir la paix. La communauté organise chaque année depuis 1986 un sommet interreligieux pour la paix à Rome. Cette année, le président de la République française, Emmanuel Macron, y a participé, le 23 octobre dernier.

Sant'Egidio est une communauté de laïcs. Être membre de cette communauté ne signifie donc pas être religieux, c’est surtout une proximité, une façon de prier ensemble et un engagement commun auprès des personnes les plus vulnérables. Valérie Régnier reprend cette expression de Madeleine Delbrêl, être membre de Sant’Egidio, "c’est vivre l’extraordinaire de l’Évangile dans l’ordinaire de la vie".

Donner un sens spirituel à l'hospitalité et du concret à la prière

Pendant l’Avent, pour comprendre qui on attend, on est invités à prier plus encore que d’habitude, et à lire la Bible. "Comment peut-on mieux connaître Jésus qu’en feuilletant sa vie, les évangiles ? La prière naît de ce contact avec les évangiles. Pour nous c’est important de lire la Bible, encore plus pendant l’Avent", nous dit Valérie Régnier. Or, la prière, dans la spiritualité de Sant’Egidio, est quelque chose de très concret. "Quand nous prions et quand nous sommes proches des plus pauvres, quand nous vivons avec eux, c’est-à-dire quand nous souffrons aussi avec eux la condition du pauvre, cela peut amener à une paix sociale, la paix d’un quartier et pourquoi pas la paix d’un pays."

Dans notre monde d’aujourd’hui, comment croire encore à un monde plus juste et plus humain ? La prière, répond Valérie Régnier, et où nous sommes facilement "désorientés", la prière "nous aide à rester éveillés", attentifs aux autres. Par la prière, "des choses sont possibles, des choses peuvent changer, pas d’une manière folle, difficile à supporter : c’est possible parce qu’on est ensemble, on est en communauté, on n’est pas tout seuls".

La communauté Sant'Egidio agit en Europe pour l’accueil des réfugiés qui fuient la guerre, des personnes seules, isolées, pauvres… Parce qu’il s’agit d’accueillir la parole de Dieu comme on accueille quelqu’un qui a besoin de nous. "Comme on accueille un nouveau-né", ajoute Valérie Régnier. "On sait dans l’histoire de Jésus qu’il n’a pas été accueilli, il est né dans une mangeoire, on peut imaginer qu’il n’a pas eu un très bel accueil dans la société. Mais il y a une personne qui l’a accueilli et sans elle, Jésus ne serait pas là aujourd’hui, c’est Marie." Si on parle d’hospitalité, il faut se tourner vers Marie. "Elle a osé dire oui au risque de sa vie..."