À l'occasion des 15 ans de la mort de Sœur Emmanuelle, RCF vous propose de réentendre son interview dans l'émission Visages à laquelle elle avait participé en 2000.
À 85 ans, Sœur Emmanuelle (1908-2008) avait fini par accepter de prendre sa retraite et de revenir habiter en France, après plus de 20 ans passés auprès des chiffoniers du Caire, à partager la vie des plus pauvres. En 2000, elle participait à l'émission Visages. Au micro de Thierry Lyonnet, elle revenait sur son enfance et sa vocation.
'Il me semblait que Jésus me voulait pour lui afin qu'il puisse à travers moi faire du bien surtout aux pauvres et aux enfants pauvres. C'est un appel, ça ne s'explique pas'
À l'âge de six ans, sa mère l'a conduite devant une crèche et lui a dit 'Jésus a voulu partager la vie des gens pauvres.' Un épisode que Sœur Emmanuelle raconte dans son livre 'Jésus tel que je le connais' (éd. Flammarion, 1996). Sur RCF, elle expliquait : 'Quand j'ai vu ce petit bébé couché sur la paille ça m'a fait un choc... Quand ma mère m'a expliqué que c'était par amour des hommes qu'il avait choisi de naître le plus pauvre des enfants pauvres, ce mot 'pauvre' a pris une valeur que je n'avais pas du tout saisie auparavant.' Issue de la bonne bourgeoisie de Bruxelles, Madeleine Cinquin a connu enfant 'une révolte intérieure' vis-à-vis de la pauvreté.
Sa vocation, elle la décrivait ainsi : 'Il me semblait que Jésus me voulait pour lui afin qu'il puisse à travers moi faire du bien surtout aux pauvres et aux enfants pauvres. C'est un appel, ça ne s'explique pas.' Avant de répondre à cet appel, la jeune Madeleine 'aimait s'amuser', comme elle le dit volontiers. Et si la vie religieuse, '[son] coeur, [son] esprit et tout [son] être trouvaient que c'était beau', il lui a fallu discerner. C'est-à-dire répondre à la question : 'Est-ce que cet appel paraît authentique ? Sera-t-il un épanouissement pour vous-même et pour les autres ?'
On a longtemps comparé Sœur Emmanuelle à sa contemporaine Mère Teresa (1910-1997). 'Je ne suis pas une Mère Teresa, répondait-elle, chacun doit se connaître, moi je suis une femme fragile.' Contrairement à celle qu'on appelle 'la mère de Calcutta', Sœur Emmanuelle n'a pas fondé de congrégation mais est restée vivre en communauté jusqu'à 60 ans passés.
'Je comprenais dans mon coeur que si je quittais cette congrégation qu'est-ce qui me prouvait qu'en n'ayant plus l'aide d'une communauté je resterais fidèle ?' Ce n'est qu'en 1971 que Sœur Emmanuelle a pu enfin consacrer sa vie aux chiffoniers du Caire, répondant à un désir profond qu'elle gardait en elle depuis de longues années. 'J'ai compris dans la prière que je devais attendre, patienter, et qu'un jour la possibilité viendrait. Et le jour est venu...'
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