Il y a dans une vie des rencontres qui marquent un avant et un après. Aurélie Laurent est de celles qui ont eu la chance de faire des rencontres déterminantes qui l’ont menée à Rome, à Taizé ou à L'Arche à Vancouver. Aujourd’hui salariée au CCFD-Terre Solidaire, elle rend grâce pour ces "signes" qui l’ont aidée à prendre des décisions audacieuses.
Si elle passe son enfance dans les Vosges dans une famille "croyante mais peu pratiquante", Aurélie Laurent se rend au catéchisme et à l’aumônerie. "Jusqu’à mon adolescence, j’ai senti que Dieu était présent mais sans forcément dire qui c’était : on m’avait appris à le voir comme un juge, alors que je voyais en lui une figure paternelle encourageante", se souvient-elle. Une divergence de vision qui pousse la jeune Aurélie à quitter l’aumônerie, en classe de 5e : "Je me suis un peu séparée de ma foi et j’ai mis Dieu de côté."
En Terminale, Aurélie Laurent décide de passer un nouvel an pas comme les autres et se rend avec ses cousins aux rencontres européennes de Taizé, à Rome. "J’ai vraiment pris le temps de re-rencontrer Dieu à 18 ans. À Rome, j’ai ressenti une présence impressionnante qui m’a permis de me remettre en chemin”, explique-t-elle.
Un nouvel an qui suscite des questionnements, et qui marque un renouveau dans son cheminement. Celle qui était "croyante par intermittence" rentre chez elle avec le désir profond de prendre son temps. Son bac en poche, elle entreprend des études d’infirmière avec le "désir ardent de vouloir partir voir ce qu’il se passe ailleurs". Son dernier stage au CHU de Nancy est le théâtre d’une rencontre marquante : "une femme a vu ma croix de Taizé et m’a demandé comment je pouvais croire en Dieu alors qu’elle était en phase terminale d’un cancer". Ne sachant pas quoi répondre, Aurélie Laurent décide de prendre du temps pour réfléchir à la réponse. Partie pour passer deux mois à Taizé, elle y reste un an et demi. "Le temps passe vite ! J’avais encore beaucoup de choses à creuser dans ma vie."
Plus tard, après avoir repris son métier d’infirmière, Aurélie Laurent décide de partir à l’Arche à Vancouver : "voir des personnes d’autres cultures me manquait". Après d’autres expériences, elle passe deux ans en tant que directrice de foyer à l’Arche de Nancy. Aujourd’hui, c’est au CCFD pour la région Rhône Alpes qu’Aurélie Laurent se met au service de sa foi et des autres.
"Ma foi a toujours été un peu perturbée." Pendant son séjour à L'Arche de Vancouver, Aurélie Laurent rencontre Aneesha. Elles tombent très vite amoureuses. Aneesha et Aurélie Laurent partagent aussi leur foi, et les deux voient en la prière une grande richesse. "Le fait que je sois avec une femme n’est pas forcément bien vu par et dans l’Église", déplore l’intervenante, à laquelle on essaie souvent d’expliquer pourquoi elle "vit dans le péché". Si ces réactions questionnent son rapport à l’Église, Aurélie Laurent ne remet pas en question son rapport à Dieu. Le couple a rejoint "David et Jonathan", un groupe LGBT chrétien : "avec Aneesha, on s’y sent à notre place". Les deux femmes mettent leur vie de couple "entre les mains de Dieu" et cheminent doucement vers le mariage.
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