La baisse de la fréquentation des messes depuis le début de la pandémie inquiète le pape François. Mais pourquoi cette pratique dominicale est-elle un devoir pour les croyants ? Sr Anne Lécu s'est posé la question après l'assassinat du Père Hamel en 2016. Car ce drame a eu lieu au beau milieu d'une messe ordinaire, dans un coin reculé de campagne, avec un prêtre âgé et juste deux ou trois fidèles. Ces messes ordinaires que parfois on dénigre, qu'ont-elles pourtant de décisif ? Que se passe-t-il donc lors de la messe ? Auteure de "Ceci est mon corps" (éd. Cerf),la religieuse dominicaine nous explique le sens de la messe.
"Si les gens sortent de chez eux pour aller à la messe, considère Anne Lécu, c'est qu'il y a en eux une grande attente, et le rôle des ministres du culte c'est de ne pas décevoir cette grande attente." Aussi, fût-ce par habitude, et même si le comportement des uns et des autres peut sembler "pas toujours adéquat", pour la religieuse, "on ne peut pas mépriser cette attente".
La religieuse invite chacun à se questionner : si l'on parle de "présence réelle" à propos de l'hostie consacrée, est-ce que l'on croit que Dieu est vraiment présent ? Qu'il nous accompagne dans notre vie ? Est-ce que l'on se rend présent à lui ? "Et si l'on parle du salut : de quoi ai-je besoin d'être sauvé ? Avec quoi est-ce que je me bats ? Est-ce le sens de la vie ? Le sens de la fraternité ? Pour des parents comment faire avec les enfants ?" Les questions qui nous habitent peuvent sembler très simples et très concrètes, trop pour certains, il s'agit précisément de "les honorer", de "les prendre au sérieux".
Est-ce le Christ qui appelle ou la communauté ? "Rien ne nous arrive dans la vie chrétienne qui ne soit médiatisé par des hommes : si le Christ est bien Dieu qui se fait homme, c'est par l'intermédiaire des hommes que l'on reçoit l'appel de Dieu." Et s'il existe bien sûr des expérience directes du divin, bien souvent ce qui nous guide ce sont des rencontres avec nos semblables.
"C'est ensemble qu'on va tenter de porter ces questions vers Dieu." L'assemblée des fidèles est tout sauf uniformisée, chacun vient à la messe avec ses questions, son vécu, son histoire. Mais cet ensemble disparate est comme "un peuple qui converge". Et "la célébration de l'eucharistie fait de ces individus un corps vivant".
"Je crois fondamentalement qu'on y va pour les autres - moi je vais à la messe pour ceux qui n'y vont pas." En cela, il y a comme "une sorte de devoir" pour les croyants d'aller à a messe. Car on n'y va pas pour soi : c'est la conviction de la religieuse. "Je crois que nous les croyants sommes invités à y aller pour ceux qui n'y croient pas, pour porter la prière des hommes, de tous les hommes, ceux qui pratiquent et ceux qui ne pratiquent pas, les chrétiens et les non chrétiens : notre pauvreté c'est d'être là pour les autres."
En fait, si on regarde bien, la tradition biblique "c'est toujours de prier pour les autres". C'est Abraham qui intercède auprès de Dieu pour les habitants de Ninive, ou la tradition hébraïque (dont on hérite) lors de la fête de de Kippour de présenter à Dieu les fautes de tous les hommes. "C'est le côté universel de l'Église", rappelle Anne Lécu. Avec cette part de mystère qui est que "quelques hommes et quelques femmes ressentent en eux la nécessité de supplier Dieu pour les autres".
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