Après des siècles de luttes sanglantes, catholiques et protestants se reconnaissent mutuellement comme fils et filles d’un même Père, ce qui fait d’eux des frères. Si des différences existent toujours, elles sont désormais considérées comme des richesses dont chaque Église peut s’inspirer sans se renier.
Dès l’origine, les différentes confessions chrétiennes engagées dans le mouvement œcuménique eurent l’intuition qu’elles devaient se centrer sur leur bien commun : la Bible. "Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé", tout est dit dans le chapitre 17 de l’Évangile selon saint Jean.
Reste à trouver la meilleure façon de répondre à cette vocation d’unité. Pour Anne-Laure Danet, pasteure et responsable du service des relations avec les Églises chrétiennes de la Fédération protestante de France, il s’agit moins de construire l'unité que de l’accueillir. "Dans le mouvement œcuménique, les Églises ont compris qu’elles n’ont pas à faire l’unité puisqu’elle elle nous est donnée par le Christ. Notre tâche consiste à la rendre visible !"
On ne peut pas changer l’histoire mais on peut changer la manière de la raconter
En France, l’histoire entre catholiques et protestants est marquée par les guerres de Religion, au XVIe siècle, mais avant et après ces huit guerres civiles, des épisodes nombreux de persécutions et de vengeances. Difficile de marcher sur le même chemin sans un travail permettant de regarder en face ce passé douloureux.
Au sein du mouvement œcuménique, ce travail porte un nom : la guérison des mémoires. "Nous partons du constat que l’on ne peut pas changer l’histoire, précise Anne-Laure Danet, mais on peut changer la manière de la raconter. Il s'agit de raconter son récit, puis d'écouter celui de l’autre et, à force de discussions, d’aboutir à un récit commun. C’est un exercice très exigent mais très précieux. Le Christ étant notre centre, plus on se rapproche de lui, plus on se rapproche les uns des autres. Alors nous comprenons que nos différences sont des richesses et pas des obstacles."
Se laisser convertir, mais pas à une autre Église, à l’Évangile !
Mais reconnaître qu’il y a des richesses dans d’autres traditions chrétiennes, n'est-ce pas se renier ou risquer de se convertir ? "C’est tout à fait ça ! Se laisser convertir, réagit Anne-Laure Danet, mais pas à une autre Église, à l’Évangile ! Ce n’est pas du tout la même chose. On est ensemble dans une recherche de vérité et de fidélité à l’Évangile. Il ne s’agit pas de convaincre l’autre sinon ça veut dire que je m’estime au-dessus de lui. Encore faut-il se rencontrer car tant qu’on ne se rencontre pas, on ne se connaît pas." Pour ce faire il est recommandé de participer à un culte protestant, une messe catholique ou un office divin orthodoxe.
L’objectif n’a jamais été de devenir semblables
Celles et ceux qui sont engagés dans le mouvement œcuménique ne cessent de le répéter : l’unité n’est pas l’uniformité et l’objectif n’a jamais été de devenir semblables. Les différences sont des richesses et comme le dit, plein de bon sens, le Livre de l’Ecclésiaste, "une corde à trois brins est plus solide qu’une corde à deux brins"... Face aux grandes questions sociétales, l’union fait la force pour annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile à l’ensemble des "terres habitées", le sens étymologique du mot œcuménisme.
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