"Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?"
Méditation (Lc 12, 13-21) par la pasteure Héléna Vicario
Chant Final : "Là où est ton trésor" par la Chorale de jeunes de la Mission Timothée
En ce temps-là,
du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus :
« Maître, dis à mon frère
de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit :
« Homme, qui donc m’a établi
pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
Puis, s’adressant à tous :
« Gardez-vous bien de toute avidité,
car la vie de quelqu’un,
même dans l’abondance,
ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole :
« Il y avait un homme riche,
dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait :
“Que vais-je faire ?
Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Puis il se dit :
“Voici ce que je vais faire :
je vais démolir mes greniers,
j’en construirai de plus grands
et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même :
Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition,
pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Mais Dieu lui dit :
“Tu es fou :
cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé,
qui l’aura ?”
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même,
au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Source : AELF
Je ne connais que peu de personnes qui ne pensent déjà à leur retraite. A ce qu’ils pourront faire : voyager, s’investir pour une cause qui leur tient à cœur, ou, tout simplement, passer plus de temps avec les gens qu’ils aiment. Loin de moi de jeter la première pierre, simplement parce qu’un pasteur est rarement à la retraite, mais parfois ces rêveries éveillées ne sont que l’exutoire d’un quotidien oppressant : trop d’exigence au travail, mauvaise ambiance, voire dans les pires des cas harcèlement. Sans aller jusque-là, rêver un peu trop à sa retraite peut révéler un mal être qu’il vaut mieux affronter dans le présent.
Le texte de ce jour demande de vivre dans le présent, de ne pas construire des châteaux en Espagne, de crainte qu’on n’ait jamais vraiment vécu.
Il interroge aussi de manière pertinente le cycle de formation de capital suivi d’investissement qui est celui de l’économie capitaliste : l’abondance doit-elle déclencher un cycle économique complet, permettant de maximiser les profits ou doit-elle être le premier pas vers le partage ? La deuxième option semble être préférable pour ce texte. La parabole racontée par Jésus semble discréditer cet oncle picsou des temps bibliques, qui construit un coffre géant mû par l’avidité.
Pour Jésus, le lien est premier. S’il se refuse à s’établir en juge, comme le faisaient les rabbins de l’époque, c’est qu’il sait que quelque soit la solution trouvée, même la plus juste possible, il est probable que le lien entre les frères en soit affecté, chacun voulant tirer la couverture vers soi.
Au contraire, Jésus prône l’être plutôt que l’avoir, le lien plutôt que le chacun pour soi, la vraie richesse plutôt que les mirages de la richesse matérielle.
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