"C’est toi-même qui dis que je suis roi "(Jn 18, 33b-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
    Pilate appela Jésus et lui dit :
« Es-tu le roi des Juifs ? »
    Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
    Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
    Jésus déclara :
« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
    Pilate lui dit :
« Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

Source : AELF

Méditation Monique Baujard

Dans le dialogue entre Jésus et Ponce Pilate, deux affirmations retiennent l’attention : « ma royauté n’est pas de ce monde » et « je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ». Deux affirmations qui vont troubler Pilate, mais qui ne sont pas si évidentes pour nous non plus. Jésus indique tout d’abord ce qu’il n’est pas. Il n’est pas roi à la manière du monde. Il n’a pas de gardes, pas d’armée, il ne cherche pas à exercer un pouvoir politique. Ainsi, quand après la multiplication des pains, la foule reconnaît en Jésus un prophète et veut le faire roi, Jésus se dérobe et s’isole (Jn 6, 14-15). Il n’est pas venu pour cela. Il est venu « pour rendre témoignage à la vérité ». Cette vérité à laquelle il rend témoignage, qu’il révèle, c’est l’amour de Dieu pour tous les humains. Et cette vérité de l’amour de Dieu pour nous, cet amour fou, insensé, qui dépasse notre imagination, Jésus va l’incarner. Il va l’incarner en acceptant de donner sa vie. En disant que sa vie, nul ne la prend, c’est lui qui la donne (Jn 10, 17-18), il défait la puissance du mal inhérent à la mise à mort d’un innocent. Car du moment qu’il donne sa vie, il n’y a plus de meurtre. De surcroît, par ce don Jésus obtient aussi le pardon de ceux qui le mettent à mort (Lc 23,34). Il ouvre ainsi à nouveau des chemins de vie pour tous. A la suite de Jésus, tous les chrétiens sont invités à rendre témoignage à cette vérité de l’amour de Dieu. Un témoignage qui passe donc par l’épreuve de nos vies concrètes. La vérité de cet amour de Dieu est à incarner, elle est à faire et elle a un prix. Mais c’est en essayant d’incarner ne serait-ce qu’un petit peu cet amour de Dieu dans nos vies que nous participons à la construction du Royaume de Dieu, à cette royauté qui n’est pas de ce monde mais qui offre au monde « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).