Cette année, les juifs et les chrétiens fêtent Pâques et Pessa'h au même moment

Jeudi saint : quand Jésus célébrait Pessa’h

Quand Jésus a rassemblé ses disciples pour prendre avec eux son dernier repas , c'était pour célébrer Pessa'h. "C’est dans le contexte de Pessa’h, que Jésus va célébrer son dernier repas avec ses disciples", rappelle d’emblée le Père Christophe Le Sourt. Un contexte dont il est "très important de se souvenir". Lors du Jeudi saint, les chrétiens font mémoire du dernier repas du Christ, celui où il a institué l’eucharistie et lavé les pieds de ses disciples avant sa Passion.

"Le christianisme est incompréhensible si nous ne tenons pas compte de nos origines juives." Pour le prêtre, cette coïncidence des calendriers juif et chrétien est l’occasion de rappeler le lien "tout à fait essentiel" entre les juifs et les chrétiens. "Nos frères juifs sont ceux qui ont permis la communication de Dieu aux nations à travers le peuple élu. Nous sommes greffés sur le judaïsme, pour reprendre une parole très heureuse de saint Paul."

Juifs et chrétiens, que peut-on célébrer de commun ?

Pour les chrétiens, Jésus est le Messie. Or, les juifs attendent toujours le Messie : cela doit-il nous rapprocher les uns des autres ou au contraire nous éloigner ? L’histoire entre les deux religions est marquée par de nombreux drames. L’apport de Jean Paul II dans le dialogue judéo-chrétien est essentiel. Le pape polonais "a beaucoup insisté sur cette fraternité renouvelée depuis le concile Vatican II", explique Christophe Le Sourt.

Jean Paul II a permis que "nous puissions nous souvenir de cette parole de saint Paul : « Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11, 29)". Ce qui signifie que nous chrétiens, nous croyons que "l’alliance entre Dieu et son peuple élu n’est pas supprimée, elle perdure".

L’importance du dialogue judéo-chrétien

"Notre lien avec nos frères juifs est une bénédiction pour le monde", affirme le directeur du SNRJ. Dans la relation que les chrétiens entretiennent avec les juifs, "il est tout à fait fondamental que nous puissions d’entendre la façon sont eux accueillent cette parole dans le premier Testament : qu’est-ce que Dieu continue à leur dire ? Et qu’est- ce que eux ont à nous partager ?"

Dialoguer avec les juifs, cela n’empêche pas de croire, pour les chrétiens, que "le point ultime de cette auto-communication que Dieu fait de lui-même c’est Jésus, c’est sa parole, c’est son Verbe, c’est son Messie". De même, les catholiques considèrent que les juifs "n’ont pas à se convertir", explique le Père Le Sourt. Il invite à relire la déclaration "très importante" de 2015, dans laquelle l’Église affirme clairement "qu’il n’y a pas de mission organisée en direction de nos frères juifs". Le dialogue judéo-chrétien c’est aller les uns vers les autres, juifs et chrétiens, "pour la joie du dialogue et de la rencontre".