À l'heure où les sociétés occidentales sont en quête de spiritualité, Christiane Rancé veut redire "la liberté immense et merveilleuse qu'il y a dans cette religion".
Pourquoi les catholiques préfèrent-ils dire qu'ils sont chrétiens? Pourquoi y a-t-il une 'espèce de culpabilité, pour ne pas dire de honte qui entoure le fait d'être catholique aujourd'hui'? Que ce soit au cours de ses rencontres ou dans les médias, Christiane Rancé a pu constater le 'naufrage du mot catholique' - naufrage qu'elle trouve 'très injuste'. Et en grande partie dû à un effet 'de mode'. La journaliste publie 'Lettre à un jeune chrétien' (éd. Tallandier) où elle s'adresse à tous, pour redire que la foi chrétienne est en soi synonyme de jeunesse.
À l'heure où les sociétés occidentales sont en quête de spiritualité(s), Christiane Rancé veut redire 'la liberté immense et merveilleuse qu'il y a dans cette religion, le fait qu'elle s'adresse à chacun, le fait qu'elle est seule - je dis bien seule - capable de répondre à cette quête générale'.
Le message est clair mais Christiane Rancé est lucide sur les travers d'une religiosité vide de sens. Sur ce point l'écrivain rejoint le propos de Jean-Claude Guillebaud, auteur en 2017 de "La foi qui reste"(éd. L'Iconoclaste). Elle écrit: 'Il ne s'agit plus de prier sur la pointe des pieds ni de quêter une onction, ni de consentir à une charité chichiteuse, ni d'invoquer la résignation ni rien de toutes ces surcreries qui ne valent que dans le sel de la foi.'
Car ce que Christiane Rancé constate, c'est que ces mêmes personnes qui semblent rejeter le catholicisme n'en manifestent pas moins une "quête de valeurs". Si pour elle il y a urgence à redire l'essentiel de la foi catholique, c'est parce qu'il y a urgence à 'discerner', à 'réépouser son individualité', à redire la liberté que chacun a de 'faire le bien ou le mal'. Bref il y a urgence à 'choisir sa vie' et à 'se choisir'.
Parce que 'l'homme augmenté' et autres 'modèles de réussite' n'attendent pas pour s'imposer à nous - Christiane Rancé parle même de 'contre-civilisation'. Elle dénonce aussi 'ce modèle d'adhésion à une pensée générale, diffuse , mondiale'. Sa 'Lettre à un jeune chrétien' est un écho à Rainer Maria Rilke, auteur en 1929 de 'Lettres à un jeune poète', dans lequel il écrit: 'Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire. […] Creusez en vous-même jusqu'à trouver la raison la plus profonde.' (trad. Marc Buhot de Launay, éd. Gallimard, 1993).
'D'où viennent ces mots d'égalité, de liberté, de fraternité?' Il ne s'agit pas Christiane Rancé de revendiquer un héritage - même si d'une certaine façon elle rappelle qu'on n'a pas à en avoir honte - mais de 'reverdir un message'. Biographe du pape François, de Simone Weil ou de Thérèse d'Avila, l'écrivain a été témoin de la façon dont a pu s'incarner la foi chrétienne.
'Nous avons chacun de nous un rôle à jouer qui consiste à préparer le paradis sur terre tel que nous pouvons l'imaginer: planter des arbres, apporter de la paix, de la douceur, de la force à ceux qui n'en n'ont pas. Un combat profondément individuel, profondément amoureux.' Être chrétien, catholique, c'est être 'amoureux' du monde et ''exalter quelque chose, cette pette touche, cette étincelle divine que nous avons en nous et de la déployer'.
Écrivain, journaliste, Christiane Rancé est aussi biographe de Tolstoï, du pape François, elle a écrit 'La Passion de Thérèse d’Avila' (éd. Albin Michel - prix de l’essai de l’Académie française 2015). Elle est aussi l'auteur d'essais comme 'Prenez-moi tout, mais laissez-moi l’extase' (éd. Seuil, 2013 - Grand Prix des écrivains croyants et le prix Panorama/La Procure) ou encore 'En pleine lumière' (éd. Albin Michel, 2016 - Prix de l'Humanisme Chrétien 2017).
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