Dans l'histoire du christianisme et jusqu'à aujourd'hui, des femmes se battent et se sont battues pour faire avancer la cause des femmes, dans le monde mais aussi au sein de l'Église. À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, voici le portrait de cinq d'entre elles.
Le 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. Décrétée par l’ONU, cette journée a pour but de sensibiliser le grand public sur la condition des femmes dans le monde. Mettre fin aux violences dont les femmes sont victimes, faire respecter leurs droits, comme l’accès à l’éducation, favoriser leur engagement et leur permettre de participer aux prises de décision qui engagent la société… les enjeux sont nombreux. Au cours de l’histoire plusieurs femmes chrétiennes ont fait avancer la cause des femmes dans la société et au sein de l’Église. RCF a sélectionné cinq portraits.
Au Moyen Âge, la reine Élisabeth de Hongrie (1207-1231), qui avait épousé le roi Louis IV de Thuringe, entra dans le Tiers-Ordre franciscain après la mort de son mari. Elle avait vingt ans et elle décida de consacrer le reste de sa vie au soin des malades et au secours des pauvres.
Élisabeth de Hongrie a soutenu le mouvement des béguines et favorisé la création du tout premier béguinage à Liège, à a fin du XIIe siècle. Les béguines étaient des femmes veuves ou célibataires laïques vivant en communauté dans un béguinage. Si leur vie ressemblait à une vie monastique, ces femmes ne faisaient pas de vœux religieux et n’étaient pas cloîtrées. Leur mode de vie était synonyme d’indépendance et pour les femmes de l’époque, libres de ne pas vivre sous l’autorité d’un père ou d’un mari.
Pionnière du syndicalisme féminin, Marie-Louise Rochebillard (1860-1936) est une figure lyonnaise du catholicisme social. Née dans un milieu bourgeois, elle a dû travailler après la ruine de sa famille. Elle a connu la dure vie des femmes ouvrières.
Inspirée par le texte du pape Léon XIII, "Rerum novarum" (1891), encyclique fondatrice de la doctrine sociale de l'Église (DSE), Marie-Louise Rochebillard créa le premier syndicat féminin en France. "Il ne s'agissait pas seulement de défendre les intérêts des salariés, mais d'une œuvre de relèvement matériel et moral des femmes du peuple, entreprise par des femmes", peut-on lire dans Église à Lyon, le magazine du diocèse de Lyon.
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Historienne, universitaire et journaliste italienne, Lucetta Scaraffia a créé en 2012 Femmes, Église, Monde, le premier journal féminin du Vatican. Elle a démissionné de son poste sept ans après. En 2020, elle a publié le récit de cette expérience, qu'elle raconte dans "Féministe et chrétienne" (éd. Bayard).
"Il est très difficile aux femmes de faire reconnaître leur rôle, de faire entendre leur voix dans toutes les structures ecclésiastiques, des plus hautes aux plus périphériques", déclarait-elle dans le quotidien Le Monde en 2017. Lucetta Scaraffia faisait alors le lien entre ce manque de reconnaissance et la chute des "vocations religieuses féminines" et la baisse de "la pratique religieuse" des femmes.
Spécialiste de l’histoire des religieuses, cette historienne a dénoncé leur situation au sein de l’Église catholique et les abus sexuels dont elles peuvent être victime de la part de membres du clergé.
Le documentaire d’Arte "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église" (diffusé en France en 2019) avait révélé l’ampleur des violences sexuelles dont sont victimes les religieuses catholiques, notamment en Afrique. En 2022, c’est une religieuse africaine qui a attaqué de front un sujet tabou et dénoncé les abus commis par des prêtres sur des religieuses dans plusieurs pays d’Afrique.
Togolaise, membre de la congrégation des Sœurs de Sainte Catherine d'Alexandrie, Sœur Mary Lembo est l’auteure du livre "Religieuse abusées en Afrique - Faire la vérité" (éd. Salvator, 2022). Elle montre comment les religieuses abusées au sein de l’Église se trouvent prises dans un cercle vicieux où elles subissent la honte et le silence.
Sa thèse remarquée à l’Université grégorienne, "est un peu #MeToo appliqué à l’Église", selon le journal La Croix. La religieuse togolaise œuvre pour donner à ses sœurs africaines "une parole d’autorité qui leur permette d’être écoutées", peut-on aussi lire dans le quotidien.
Par décision du pape François, la mémoire de sainte Marie-Madeleine, célébrée le 22 juillet, a été élevée au rang de fête liturgique en 2016. Entre la mémoire et la solennité, la fête liturgique permet d’insister sur l’exemplarité d’un témoin de la foi.
Citée treize fois dans la Bible, Marie-Madeleine est l’un des personnages emblématiques du christianisme et aussi l’un des plus mystérieux. L’Église catholique en a longtemps fait l’image de la prostituée repentie, de la pécheresse sauvée par la miséricorde divine. Or, elle est la première personne à qui le Christ ressuscité est apparu.
Aujourd’hui, Marie-Madeleine est vue comme "l’apôtre des apôtres", ainsi que l'appelle saint Thomas d'Aquin. On insiste sur l’immense responsabilité que Jésus lui a confiée en faisant d’elle le premier témoin de sa résurrection. Cette réinterprétation offre aux catholiques d’aujourd’hui un autre modèle de femme : responsable, capable d’endosser un rôle de premier ordre et de tenir une parole d’autorité, notamment au sein de l’Église.
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