Véritable témoin du monde, l'aumônier ne commence à exercer qu’après avoir suivi une formation intensive. Cette préparation s’ajoute à l’appel ou la vocation qu’a reçu l’initié. Quel apprentissage doit-il suivre avant son engagement ? Est-il accompagné d’un complément d'expérience ? Une émission Je pense donc j’agis de Melchior Gormand.
Le rôle de l’aumônier peut être une lourde charge. Il est parfois responsable psychologique et religieux de plusieurs établissements, hospitaliers, pénitentiaires ou scolaires. Ce rôle doit être en adéquation avec son identité car elle nécessite une grande maîtrise émotionnelle et une bonne organisation.
"Être aumônier, c’est être appelé", nous confie Marie-Odile Cochet, laïque en Mission Ecclésiale dans le diocèse d’Angers et aumônier catholique à la maison d’arrêt angevine. Engagée depuis ses 5 ans dans l’Église catholique, Marie-Odile remplit de nombreuses missions. Son parcours au sein de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) a manifesté chez elle un désir de travailler avec des étudiants préoccupés par la précarité et l’incertitude : "J’avais envie de me mettre au service des personnes en fragilité". Marie-Odile devient ainsi aumônier en 2012 grâce à ses qualités humaines et son désir d’engagement. Certains sont appelés par l’Église mais parfois c’est une vocation qui se manifeste.
J’avais envie de me mettre au service des personnes en fragilité.
Pascal Hubscher parle de la sienne comme d’une "vocation pastorale". Ce pasteur de l'Église Protestante Unie de France, responsable du service AESMS à l’UEPAL (Aumônerie des Établissements Sanitaires et Médico-sociaux), décrit un véritable discernement sur sa mission ; il commence d’abord par des études de médecine pour revenir plus tard vers la religion. "La foi engendre la foi" disait Herald, un auditeur fidèle de l'émission, pour rendre hommage aux trois aumôniers qui l’ont guidé dans la foi. Il a insisté sur l’exemple que représente chacun d’eux dans la vie d’un laïc : "ils m’ont donné une vision de la foi et du service qui m’a engagé dans l’Église".
L’accès à l’aumônerie n’est pas quelque chose d’anodin. Chaque diocèse propose une formation. Pour remplir ce rôle, le laïc, le prêtre, ou le religieux doit passer plusieurs jours en immersion pour connaître le milieu dans lequel il sera envoyé. Cela lui permettra aussi de savoir s’il est capable de travailler dans cet environnement. Marie-Odile Cochet, de part ses responsabilités en prison ou en maison de retraite, a "l'habitude de côtoyer la mort". Avoir de l'expérience aidera l'aumônier à bien commencer ses services.
La rencontre avec la vulnérabilité est essentielle pour découvrir le Christ en croix.
Les formations sont ouvertes à tous mais il faut malgré tout avoir une prédestination au service des autres. Il y en a une à l’Université catholique d’Angers qui comprend un certificat en pastorale hospitalière, en partenariat avec le diocèse. Le Pasteur Pascal Hubscher évoque aussi, dans le milieu protestant, une formation à l’écoute active et théologique qui s’appuie sur la théorie de Carl Rogers : installer un climat de confiance pour le développement personnel de la personne. Selon lui, "la bonne volonté et la vocation de vouloir venir est importante car c’est un appel. Mais il faut se professionnaliser !". Il existe aussi le D.F.C.C. (Diplôme de Formation Civile et Civique), un apprentissage initial et continu proposé par la Faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg.
Sous sa casquette, l’aumônier est un missionnaire au service des autres comme le Christ l’a été. La "rencontre avec la vulnérabilité est essentielle pour découvrir le Christ en croix", rappelle le pasteur Pascal Hubscher. "On devient aumônier avant tout à travers les personnes qu’on accompagne", souligne Marie-Odile Cochet. Le soutien et le rôle de médiation donne un sens nouveau à la mission. L'aumônerie est une grande famille où la fraternité est l’une des principales valeurs.
Jean-Thierry, un auditeur aumônier, s’occupe de la branche militaire et décrit son quotidien comme "une expérience passionnante", il est le "soutien moral et spirituel pour tous les marins qu’il accompagne".
À l’hôpital, dans l’armée ou en prison, ils accompagnent, consolent et soignent les âmes. Ils sont une présence discrète et une écoute attentive. Présents pour répondre à des questions existentielles et spirituelles, les aumôniers agissent dans l’ombre. Qui sont-ils vraiment ? Quel est leur rôle dans ces lieux publics ? Écoutez la première partie de l'émission Je pense donc j'agis :
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