Installées pendant l’Avent dans les églises ou dans les foyers, les crèches sont une tradition vieille de 800 ans. On dit que la première remonte à St François d’Assise et mettait en scène des personnes en chair et en os. Au fil du temps, on a conservé la crèche avec les santons mais la crèche vivante, elle, est devenue plus rare. Pourtant, il en existe encore quelques-unes sur le territoire savoyard qui allient tradition et modernité.
A Saint Jean de Maurienne
A Saint Jean de Maurienne, après 15 ans d'absence, la crèche vivante a été relancée au Noël 2023. Et il a fallut tout apprendre pour Sixtine Perrier, la secrétaire de paroisse et les équipes du catéchisme. "On entendait toujours les anciens parler de leurs crèches vivantes avec des étoiles dans les yeux, moi j'ai 30 ans et je n'y connaissais rien !".
Malgré cette méconnaissance, l'équipe se lance sur 5 tableaux, de l'Annonciation jusqu'à l'arrivée des rois mages. La représentation théâtrale a lieu dans la cathédrale.
Entre l'enthousiasme des enfants et la réception des paroissiens, l'équipe décide de renouveler l'expérience cette année. Mais cette fois, elle voit les choses en grand :"Il faut sortir de nos églises pour aller à la rencontre des autres, proposer au dehors ce qui se vit de plus intense dans les murs de la cathédrale".
La représentation de la Nativité aura lieu sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean. Il y aura aussi des animaux vivants, un stand de barbe à papa et des fontaines de chocolat. "A la sortie de l'école, on veut parler aux enfants de Dieu, pour une fois. C'est une façon d'évangéliser, de faire parler de notre paroisse et de se qui s'y vit" explique la jeune secrétaire.
A Seynod
Evangéliser, c'est aussi dans le fond ce qui se passe à Seynod dans l'agglomération d'Annecy. Depuis 10 ans, l'association culturelle des Amis du Vieux Seynod propose trois représentations de la crèche vivante. Cette année encore, une cinquantaine de bénévoles sont mobilisés, figurants et musiciens sur scène et en régie. L'idée a pris comme ça explique Philippe Martel, bénévole : "La salariée de notre association attendait un enfant, et moi qui suis agriculteur, j'avais les animaux. J'ai dit en blaguant : est-ce qu'on ferait pas une crèche ?".
Petit à petit, l'évènement a pris de l'ampleur. "Ca fait partie de nos traditions, mais c'est vrai qu'on a rencontré des difficultés parfois pour la faire. Je veux redire qu'on ne la fait pas contre" poursuit Philippe Martel.
A Bessans
A Bessans, la crèche vivante rassemble près de 60 bénévoles chaque année. Les touristes, venus en nombre pour Noël dans les stations, profitent ainsi de ce spectacle. "Ce sont entre 200 et 300 personnes qui viennent chaque année" raconte Geneviève Bison. "Certains viennent pour le spectacle, d'autres viennent se recueillir et c'est important de respecter cela".
Il faut dire que l'histoire de ces crèches remontent à des temps très anciens. Entre 1650 et 1660, deux prêtres rédigent le premier Noël en patois. On y raconte que Jésus est né dans une grange du Carrelet à Bessans... Pendant de longues années ensuite, des cahiers étaient rédigés durant les veillées pour raconter cette Nativité, et chanter en patois. La tradition de ce Noël bessannais a été très bien conservée grâce aux familles car il reste 47 cahiers en français et 6 en patois.
En 1997, deux amies décident de mettre en scène la crèche d'après les cahiers et les chants en patois. Geneviève s'est occupée des costumes traditionnels de la vallée et Claire des chants.
Pour parfaire le décor, la petite troupe gagne chaque année une grotte en glace en contrebas de l'église aux sons des cloches. A Bessans, c'est une histoire très ancienne que l'on raconte, celles des anciens qui vivaient un Noël selon leurs traditions, celles des costumes et des chants en patois, pour le plaisir des plus vieux et des plus jeunes, des croyants ou des spectateurs.
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