Ce mardi 25 août, c'est une figure marquante de l'Église catholique en France qui nous a quittés. Mgr Hippolyte Simon a été pendant 20 ans évêque puis archevêque du diocèse de Clermont-Ferrand, de 1996 à 2016. En mars de cette année-là, il avait présenté sa démission au pape François après avoir subi une opération d’un cancer du rein. Ses obsèques seront célébrées samedi 29 août en la cathédrale de Clermont-Ferrand.
Élu tour à tour vice-président de la Conférence des évêques de France et de la Commission des épiscopats de la communauté européenne (Comece), Mgr Hippolyte Simon n'en restait pas moins attaché à sa Normandie natale, lui le fils de paysan devenu prêtre et philosophe, spécialiste du marxisme. Homme engagé, très à l'écoute de la société et de ses bouleversements, il partageait dans ses essais les sujets qui lui étaient chers, comme la proposition de la foi chrétienne dans la société contemporaine, dont il était question dans son livre "Vous qui cherchez Dieu, voici un GPS" (éd. Desclée de Brouwer, 2010). Pour lui rendre hommage, RCF rediffuse l'entretien qu'il avait accordé en 2011.
Tout au long de sa vie, il aura été le témoin de fins de périodes historiques. Né en 1944 dans une famille d'agriculteurs du bocage normand, où on ne parlait "pas tout à fait le français", neuvième enfant d'une famille qui en comptera 10, Hippolyte Simon partageait le sentiment d'une "époque révolue".
Dans "La liberté ou les idoles" (éd. DDB, 2002), il faisait sienne cette phrase de Michel Le Bris : "J'ai le triste privilège d'avoir vu mourir une culture, la mienne. Pardonnez-moi si j'ai mal encore comme au premier jour." ("Le paradis perdu", 1981). Ce monde qu'il a vu disparaître, c'est celui du bocage normand et de ses traditions. Pour autant, il ne cherchait pas à en cultiver la nostalgie. "Il ne faut pas idéaliser la vie à la campagne, ça pouvait être très très très difficile." À une époque où les jeunes gens de son milieu finissaient l'école à 14 ans, Hippolyte Simon a eu "la chance" de poursuivre ses études, car déjà il manifestait le désir de devenir prêtre.
Entré au séminaire en 1963, ce fils de paysan a voulu découvrir le monde ouvrier, en travaillant dans une usine après son service militaire en Algérie. Le catholicisme en France dans les années 50 et 60 était alors marqué par le courant des prêtres ouvriers. Une vocation que l'institution elle-même a interdite (de 1954 à 1958) : pour Hippolyte Simon, la question que soulevait cette interdiction était celle du rapport au marxisme, auquel il a consacré son mémoire de philosophie.
En effet, après avoir été ordonné prêtre en 1970, Hippolyte Simon a étudié non pas la théologie ou l'exégèse biblique, mais la philosophie. "Ça fait partie de ma curiosité et en même temps c'était un débat intérieur : si Marx a raison, pourquoi je veux devenir prêtre ?" Il n'a jamais été attiré par le marxisme, qu'il qualifiait d'"illusion", mais ce qui animait Hippolyte Simon, c'était une volonté de "comprendre" ce "messianisme temporel".
Quand, dès 1974 et jusqu'en 1990, Hippolyte Simon a enseigné puis dirigé le séminaire interdiocésain de Caen, il a "eu le sentiment d'être à l'aube d'une nouvelle culture". "J'ai toujours le sentiment qu'à la suite de Vatican II, il y a une nouvelle figure de l'Église qui est en train de se développer." Il s'agissait pour lui de "travailler à l'avènement d'une nouvelle étape".
"Je souffre de voir que trop peu de jeunes se posent la question du ministère presbytéral", confiait l'archevêque. Fidèle à sa volonté de comprendre la société, Hippolyte Simon a voulu analyser la baisse des vocations sacerdotales dans un essai, "Libres d'être prêtres" (éd. L'Atelier, 2001). "Beaucoup de gens ont le sentiment que l'Église est en train de finir, alors que moi j'ai le sentiment qu'elle commence, ou qu'elle recommence une nouvelle étape."
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