Pourquoi est-il essentiel de faire découvrir ou mieux connaître les différentes religions monothéistes ? De les faire dialoguer et de leur donner un rôle actif dans l'édification d'une société pacifiée ? Et pourquoi est-il fondamental de donner une place au judaïsme dans ce dialogue interreligieux ? Pour en parler, Sarah Brunel reçoit Michaël Barer et Ruth Ouazana, tous deux membres fondateurs actifs intervenants au sein de l'association Les racines de demain. "On a décidé d'arrêter d'être utopistes et d'y aller vraiment, sur ce terrain de déconstruction des préjugés et de lutte contre les stéréotypes, parce que c'est ce qui abime notre société."
L'association Les racines de demain a été créée à Lyon en 2017, pour rassembler des acteurs de terrain spécialistes du fait religieux et capables de l'enseigner. Dès 2002 en effet, le rapport Debray insistait sur le chantier à mener en la matière. Les événements dramatiques de ces dernières années ont montré la nécessité "d'un champ éducatif à reprendre, vers lequel se tourner pour construire une société plus éclairée", comme l'explique l'un de ses fondateurs, Michaël Barer. "On s'est très vite tournés vers l'Enseignement catholique parce que les dimensions culturelles de la religion y sont très présentes au sein des établissements scolaires."
Auprès des jeunes élèves - du CM1 jusqu'aux écoles post-bac, l'association prévoit des interventions en milieu scolaire à la demande du personnel enseignant, mais aussi des visites dans les lieux de culte. Les adultes peuvent suivre des formations au dialogue interreligieux, pour découvrir chacune des trois grandes religions monothéistes. Avec notamment la possibilité d'assister à la prière : le vendredi à la mosquée, le samedi à la synagogue, et le dimanche au temple ou à l'église.
Le dialogue interreligieux c'est "une plongée dans l'identité des personnes", comme l'explique Ruth Ouazana. C'est se demander : "Comment est-ce que je me positionne par rapport à ma propre religion et aux religieions des autres ? Comment je me positionne en tant que Français et être humain ?" C'est aussi une façon de lutter contre les "ceux qui nous concernent et qui concernent les autres".
Dans les programmes scolaires aujourd'hui, le judaïsme est étudié à trois reprises : lorsqu'il est question d'Abraham, de Moïse et des temps bibliques, de l'affaire Dreyfus et de la Shoah. "C'est peu", reconnaît Michaël Barer, mais "c'est déjà ça parce que dans d'autres pays, il n'y a rien voire c'est exprimé d'une autre manière et à charge pour le judaïsme !"
Faire connaître le judaïsme et son histoire est essentiel, car "si on ne comprend pas l'historicité du judaïsme en France... on arrive à, malheureusement, des a priori et des dégâts, qui vont aujourd'hui être vivants". Ainsi, Ruth Ouazana propose une formation "De l'affaire Dreyfus à la création de l'État d'Israël", car beaucoup pensent que "l'État d'Israël a été créé parce qu'il y a eu la Shoah, ce qui n'est pas vrai..."
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