Jour de joie, ce dimanche 4 septembre au sanctuaire de Sainte Anne d'Auray. Simon Liot de Nortbécourt, 31 ans était ordonné diacre en vue du sacerdoce. Une célébration présidée par l'évêque du diocèse de Vannes, Mgr Centène.
Chers frères et sœurs c’est aujourd’hui un jour de fête pour notre église diocésaine. Jour de fête et d’action de grâce pour l’appel que le Christ adresse à Simon. Jour de fête et d’action de grâce pour la réponse que Simon a décidé de donner à l’appel du Christ en lui faisant l’offrande de sa vie à la lumière de l’évangile que nous venons d’entendre : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »
Cher Simon, vous avez entendu l’appel du Seigneur pendant vos études. Votre formation au séminaire vous a donné le temps de vous asseoir comme l’homme qui voulait bâtir une tour ou comme le roi qui voulait partir en guerre, pour peser le pour et le contre, pour évaluer les forces en présence, avec l’aide de vos formateurs. Et éclairé par l’Esprit Saint, sans lequel, nous disait le livre de la Sagesse, dont était tirée la première lecture, nous ne pouvons pas connaître la volonté de Dieu, vous avez pu discerner cet appel et lui donner aujourd’hui une réponse concrète, une réponse généreuse, qui n’est rien de moins que le don de votre propre vie.
Votre ordination diaconale est une étape avant d’être ordonné prêtre. Vous vous engagez aujourd’hui au célibat, à la prière quotidienne de la liturgie des heures et à l’obéissance.
En choisissant le célibat, vous acceptez de ne pas laisser une trace de vous-même dans le monde à travers une descendance. Vous choisissez d’être ordonné pour laisser une trace de Dieu. L’Eglise a acquis très tôt la conviction que pour être prêtre, il faut donner ce témoignage : être configuré au Christ pour exercer le ministère qu’il a exercé, pour poursuivre son œuvre de salut dans le monde, suppose que nous le préférions à tout, comme nous l’avons entendu dans l’évangile. L’Ancien Testament déjà en donnait la préfiguration. La prière consécratoire, que je réciterai tout à l’heure en vous imposant les mains, en a gardé le souvenir. Lorsque le peuple de Dieu entre dans la terre que le Seigneur lui a promis, 11 des tribus d’Israël se voient remettre à chacune sa terre en partage, son lieu, sa subsistance. Seule la tribu de Levi, la tribu des prêtres ne reçoit pas de terre. Son héritage, c’est Dieu seul. Le psaume 15 le chante : « J'ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu ! Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. Seigneur mon partage et ma coupe, de toi dépend mon sort. La part qui me revient fait mes délices, j’ai même le plus bel héritage. » L’héritage du prêtre, le pays du prêtre, la vie du prêtre est déjà celle du diacre ordonné en vue du sacerdoce, c’est Dieu. Dieu est sa terre, Dieu est son avenir. Le diacre, en disant que Dieu devient son héritage, rend crédible pour les autres l’existence même du Royaume de Dieu. Il en donne le témoignage non seulement par des paroles, mais par ce mode de vie spécifique du célibat qui a été choisi par notre Seigneur lui-même. Cette place centrale et essentielle de Dieu dans votre vie, vous sera rappelée plusieurs fois par jour, de manière bien concrète, par la liturgie des heures. C’est la prière de l’Église que vous direz en union avec tous les clercs et tous les consacrés, louant Dieu et intercédant pour le monde. Elle vous rappellera jour après jour, heure après heure, que Dieu n’est pas une idée mais l’être à qui vous avez donné votre vie et à qui vous devez vous rendre présent. Savoir vous abstraire de vos occupations, même intellectuelles ou pastorales, de vos relations, de vos conversations, pour vous tourner vers lui, sera la traduction vivante du Dieu premier servi. Vous vous unirez ainsi à la prière incessante du Christ pour les hommes qu’Il est venu sauver.
Enfin dans une société où les droits de l’individu sont devenus illimités, ou la satisfaction immédiate de tout désir tend à se substituer à toute norme et à la réalité elle-même au risque d’une déconstruction totale de l’humanité, vous allez, Simon, promettre obéissance. Obéissance à l’Eglise et tout spécialement à l’évêque et à ses successeurs. L’obéissance, c’est d'abord le signe d’une désappropriation de soi, c’est la traduction concrète de votre donation au Christ et à l’Église. Je ne m’appartiens plus, à la manière du Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix. Je ne m’appartiens plus, à la manière du Christ qui s’en remettait totalement à son Père. L’obéissance du diacre et du prêtre a pour cause et pour modèle celle de Jésus ; c’est pourquoi elle est toujours une obéissance filiale. Mais l’obéissance est aussi le socle et le vecteur de l’unité. L’Eglise, enseigne le Concile Vatican II, dans la constitution Lumen Gentium, apparaît comme un peuple qui tire son unité de l’unité du Père, du Fils et du Saint Esprit. Elle est réellement le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. Voilà quel est l’enjeu profond de l’obéissance, à laquelle vous allez vous engager. Non seulement elle vous permettra de voir plus haut et plus loin que vous ne pourriez le faire par vous-même, mais elle fera de vous le dépositaire et l’acteur du projet de Dieu de récapituler toute chose dans le Christ. Ainsi votre engagement rejoint et rend possible le don qui vous est fait dans cette ordination.
Ce don qui vous est conféré par l'ordination, vous le recevez gratuitement. Vous aurez à le donner à votre tour gratuitement dans l'exercice de votre ministère, sans attendre les éloges ou les remerciements. Votre seule récompense sera la joie d’accomplir la Volonté de Celui qui se lie à vous pour toujours dans le sacrement.
Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui pour prier pour vous, au moment où vous faites ce pas décisif. Que la Vierge Marie, comblée de grâce, servante du Seigneur, modèle et inspiratrice des serviteur de son Fils auquel vous allez être configuré, vous assiste toujours de sa présence maternelle.
« Issu d’une famille de marins, je suis né à Brest même en 1991 dans une famille chrétienne pratiquante.
Habitant principalement entre le Finistère et les Côtes d’Armor ou le Morbihan pour les vacances familiales, j’ai terminé mes études à Lorient. J’y ai travaillé un an et demi, entre 2014 et 2016, comme ingénieur en construction navale. Ce fut une sorte de retour aux sources, puisque mes racines maternelles sont de la région d’Hennebont.
L’appel à devenir prêtre s’est manifesté fortement pendant mes années d’études, même si, plus jeune, j’étais très sensible à de belles figures de prêtres et attaché à la messe du dimanche. Une année riche de formation à l’anthropologie chrétienne à Fribourg (Suisse) en 2013-2014 m’a donné de reprendre humblement ma vie devant le Seigneur. L’année suivante, pendant mon expérience de travail en entreprise, j’ai été amené à témoigner de ma foi devant certains collègues. Ma participation à la catéchèse de la paroisse Sainte Bernadette, ainsi que l’engagement au sein de la Mission Étudiante du Morbihan (MEMO), m’ont beaucoup apporté.
Fortifié par toutes ces rencontres, j’ai exprimé mon désir d’entrer au séminaire pour le diocèse de Vannes, confiant dans la présence de Jésus à mes côtés. Après la propédeutique, Monseigneur Raymond Centène m’a envoyé en formation à Fribourg : de la mer à la montagne !
Les sessions des séminaristes et les temps d’insertion paroissiale à Saint Louis et au Sacré Cœur à Lorient, puis au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, m’ont donné de nouer de belles amitiés en Église. Enfin, un séjour de quatre mois à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem a conclu mon temps de séminaire, à l’écoute de la Parole de Dieu. »
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