Diocèse de Valence : Philippe Le Vert, père, grand-père et bientôt prêtre

C'est une histoire singulière, mais qui en rejoint d'autres partout en France. Celle de Philippe Le Vert, un séminariste de 70 ans qui s'apprête à être ordonné diacre dimanche 13 octobre, dernière étape avant la prêtrise l'année prochaine.

Pilote de chasse dans l'armée de l'air

Il est né à Tahiti et connait une enfance dorée dans une famille aimante et catholique. Dès l'âge de 14 ans, il apprend à piloter. Suivent des études scientifiques réussies, qui, couplées à des aptitudes physiques "sans défauts", le pousse à s'orienter vers une école pour devenir pilote de chasse. Il obtient de nombreux diplômes, et travaille dans le monde entier : du Canada à l'Italie en passant par l'Angleterre et les Outres-mers. 

Un mariage d'amour

En parallèle, il se marie à 22 ans à Christine. Une femme "formidable" selon ses termes, à la santé fragile. En 44 ans de mariages, elle a été hospitalisée dix-neuf fois, y compris durant ses grossesses et a subi 17 opérations (dont 4 à cœur ouvert). Juste avant le mariage, son père lui a dit "Pourquoi tu l'épouses ? Elle est vraiment fragile !". Philippe Le Vert répond : "si moi qui l'aime, je ne l'épouse pas, alors qui va le faire ?"

Ils ont leur premier enfant qui décède très peu de temps après sa naissance. Une expérience terrible de trois heures de combat spirituel dans l'église Saint-Michel de Salon-de-Provence : faut-il continuer à croire dans les ténèbres ce qui avait été accepté dans la lumière d'une vie jusqu'alors sans deuil ? 

Père et grand-père

Deux ans après cet épisode tragique, leur fille Fabienne vient au monde. Malgré le désir d'avoir d'autres enfants, la santé de Christine ne permet pas d'espérer avoir d'autres enfants. Mais Fabienne a elle-même sept enfants, ainsi Philippe et Christine sont parents... et grands-parents.  

Mais, affaiblie par les opérations, Christine décède. Pendant neuf mois, ils se sont préparés à accepter l'inévitable. Ensuite, le grenier de la maison devient un oratoire personnel et familial, dans lequel les prières et les réponses sont entendues clairement. Chaque nuit, Philippe Le Vert se lève, réveillé par son "ange gardien" pour prier pour Christine. "La nuit, la prière est différente, je ne peux pas l'expliquer, mais elle n'est pas comme la prière du jour."

Les signes, les joies, l'Espérance malgré la douleur

La foi et la religion vont soutenir Philippe Le Vert. "Dieu est capable de transformer quelque chose d'horrible en signe d'espérance", souligne-t-il. "Il est mort sur la croix avec laquelle on bénit aujourd'hui, comme si on pouvait bénir avec une guillotine."

Philippe Le Vert entame alors un parcours de séminariste. La règle veut que pour devenir diacre, l'épouse doit donne son plein accord à son mari. Dans le cas présent, ce sont sa fille et ses petits enfants qui ont donné leur accord. Monseigneur Pierre-Yves Michel, ancien évêque du diocèse de Valence, a tenu à entendre chaque membre de la famille. Le moindre refus aurait été éliminatoire. 

Parfois, je doute et je dis au Seigneur : "Est-ce que je serai à la hauteur Seigneur ?" La réponse que j'entends est : "Ne t'inquiète pas, moi oui."

Philippe Le Vert sera donc ordonné diacre ce dimanche 13 octobre à 70 ans, puis il deviendra prêtre en 2025. Comme une "troisième vie qui commence pour lui". Après la vie conjugale et familiale, une vie de service dans l'armée de l'air — où on l'appelait " calotin ", ceux qui croient aux bondieuseries — sa dernière vie sera, il en est persuadé, celle de l'éternité.