Qu’est-ce qui pousse un homme aujourd’hui à rejoindre le séminaire pour devenir prêtre? Comment naît une vocation? Comment sont formés les futurs prêtres ? Autant de questions qui ont aiguisé notre curiosité à l’heure où l'Eglise catholique est ébranlée par la crise des abus sexuels et entame une démarche synodale pour repenser l’Eglise de demain. Arnaud et Van, en cinquième année de séminaire, se confient sur leur parcours.
Arnaud et Van entament la dernière ligne de leur cursus pour devenir prêtre à Aix en Provence, un séminaire qui compte une quarantaine de séminaristes entre 17 et 50 ans et qui regroupe la formation de prêtres de plusieurs diocèses, Marseille, Aix et Arles, Alger, Ajaccio, Digne et Gap, Nice, la Guyane et Natitingou.
Comme ils sont tous deux marseillais, être au service de l’Eglise de leur ville natale s’est imposé comme une évidence.
Arnaud revient sur ce choix de devenir prêtre, parfois mal compris de la société, “c’est une choix difficile qui amène beaucoup de questions, d’inquiétude mais c’est aussi un choix qui se fait dans la sérénité car notre formation dure sept ans et je le vis dans la quiétude parce que le Christ est là et il soutient cette vie à laquelle on se prépare; aujourd’hui il y a un combat à mener, plus particulièrement sur la morale et sur l’éthique”.
Les défis qui attendent les futurs prêtres ne font pas peur à Arnaud et Van. Des défis qui se placent surtout sur le terrain de la confiance malmenée ces dernières années après la révélation des scandales qui ébranlent les catholiques.
Arnaud se veut confiant: “à nous de prendre les armes et de faire ce qu’il faut pour qu’elle soit réparée, on mène ce combat en sachant qu'on n’est pas seul et qu’on est épaulé par le Christ”. Van complète en confiant qu'il faut "garder l’espérance et la confiance et avancer en se cramponnant au Christ pour pouvoir avancer et le temps fera les choses avec la grâce de Dieu”
Van revient sur les expériences spirituelles fortes vécues étant enfant. La vocation de prêtre est venue au fur et à mesure car il s’imaginait avoir une famille et un travail, puis d’une rencontre à l’autre l’appel s’est fait de plus en plus fort jusqu’à franchir le pas.
Arnaud vient d’une famille de tradition catholique mais pas pratiquante. Il a demandé le baptême à 29 ans. Pris par ses études et sa vie professionnelle dans la grande distribution, il n’a pas répondu à l’appel tout de suite puis un jour cet appel s’est imposé comme une évidence et il fallait y aller.
Arnaud a passé vingt ans dans la grande distribution et cela lui donne une grande force, “je vais me retrouver face à des gens dont j’ai vécu les difficultés, toutes ces petites misères qui font la vie des paroissiens qui nous sont confiés; la grande distribution est un milieu difficile qui m’a formé du point de vue humain à l’accueil des personnes”.
Pour Van, l’expérience professionnelle vécue avant le séminaire est un atout, c'est une possibilité d’être plus proche des gens, un moyen de se rapprocher d’eux et de leurs soucis quotidiens.
La formation au séminaire aujourd’hui s’articule autour de quatre piliers: une formation humaine pour gérer le rapport à l’autre et à soi-même, la formation spirituelle sur la prière personnelle et communautaire, la formation intellectuelle et la formation pastorale sur le rapport à la transmission et à l’annonce en paroisse.
c’est un choix plein, en toute liberté et en toute conscience, on avance sereinement vers cette disponibilité totale !
Une formation complétée par des cours de psychologie, pour s'interroger sur la vie affective, sur la façon de discerner ses faiblesses et les faiblesses des personnes rencontrées au cours de la vie sacerdotale pour avoir des relations ajustées.
Sur la question du célibat, Arnaud explique :“c’est un choix et un don qu’on fait à l’Eglise et à Dieu, un don fait de manière gratuite et libre et la formation au séminaire est suffisamment longue pour qu’on puisse mûrir ce choix”.
Van poursuit dans le même sens.
Arnaud et Van seront ordonnés prêtres d’ici deux ans. En attendant, ils sont tous les week-ends en paroisse, Van à Saint Marguerite et Arnaud, à Saint François d’Assise à Vauban.
En tant que futurs prêtres, ils nourrissent de nombreux espoirs, celui “d’être le moins mauvais pasteur” pour Arnaud et celui “d’être au service des personnes que le Seigneur mettra sur (sa) route” pour Van.
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