L'évangile de ce dimanche est un extrait du long discours d'adieu que Jésus prononce avant sa Passion. ce n'est pas un hasard si ce texte est lu le jour de la fête de la Pentecôte : Jésus annonce la venue de l'Esprit saint, souffle d’un amour indestructible. Mais est-on en mesure d'accueillir ce don ?
Évangile du dimanche 19 mai (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)
Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Source : AELF
En ce dimanche où les chrétiens célèbrent la fête de la Pentecôte, c’est l’évangile de Jean qui est proposé à la méditation de chacun. Le plus spirituel des évangélistes nous offre de très profondes paroles, celles que Jésus adresse à ses amis juste avant sa Passion. Dans un désir de les soutenir et de les conforter, Jésus leur promet une aide pour avancer, un défenseur pour faire face au mensonge mais aussi le souffle d’un amour indestructible. Commentaires du Père Michel Kobik, prêtre jésuite, accompagnateur spirituel au centre spirituel du Châtelard, à Francheville (Rhône).
Dans l’évangile de Jean, du chapitre 13 au chapitre 18, on trouve bout à bout trois grands discours ou entretiens d’adieux que Jésus adresse à ses disciples. Cela commence avec la scène du lavement des pieds et s’achève avant l’arrestation de Jésus.
Le discours d’adieu est un genre littéraire typique de la Bible. Ainsi, "quasiment tout le Livre du Deutéronome est sur ce modèle-là", explique Michel Kobik. Moïse y "fait un long discours d’adieu à ceux qu’il a conduits jusqu’au bord du Jourdain".
"Ce n’est pas pour rien que cet entretien d’adieu est situé juste avant la Passion", commente le Père Kobik. L’évangile de Jean date environ de 80 ap. J.-C. Il a été écrit dans un contexte de persécution. En écho, la scène décrite dans l’évangile de ce dimanche se situe dans "un contexte de Passion". Il est question de savoir "comment le don de l’Esprit est donné aux disciples de Jésus dans un contexte de difficultés, d’épreuves, explique le jésuite. Certainement, le don de l’Esprit ne vient pas dans la facilité…"
"Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi." (Jn 15, 18) peut-on lire juste avant le passage d’évangile de ce dimanche. Qu’est-ce "le monde" dont Jean parle souvent dans son évangile ? Il s’agit ici du "monde des humains ordinaires avec la dimension politique, économique, sociale et aussi religieuse", répond le Père Kobik. Ce que les Grecs nomment le "cosmos".
Or, le monde chez Jean, "cet ensemble à l’intérieur duquel les humains et vivent et s’organisent", est difficilement ouvert au don de l’Esprit. "C’est un monde qui n’accueille pas d’emblée aisément une parole qui veut le faire bouger, c’est un monde fermé. Mais c’est dans ce monde-là que l’Esprit vient."
Il y a une part de nous qui ne veut pas, qui est dans ce refus-là et c’est ça que l’Esprit vient subvertir, traverser
Dans l’évangile de Jean, juste avant le passage de l’évangile de ce dimanche, Jésus parle de la détestation dont il a été l’objet lui-même : "Ainsi s’est accomplie cette parole écrite dans leur Loi : Ils m’ont haï sans raison." (Jn 15, 25) Il cite ainsi les Psaumes et fait référence aux autorités juives qui ne l’acceptent pas.
Et si c’était chacun de nous qui ne l’acceptait pas ? Pour Michel Kobik, si les autorités juives représentent certes "le contexte immédiat de ce passage", Jésus "s’adresse au lecteur". "Dans la mesure où nous lisons ce texte-là, nous devenons un acteur du texte. Et donc quand Jésus dit ça, il s’adresse à nous. Il y a une part de nous qui ne veut pas, qui est dans ce refus-là et c’est ça que l’Esprit vient subvertir, traverser."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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