Dans l'évangile du dimanche, Jésus dit qu'il est "le bon pasteur, le vrai berger" et qu'il "donne sa vie pour ses brebis". Que signifie cette expression maintes et maintes fois entendue ? Dans le texte original, en grec, Jésus dit : "Je place ma psyché sur vous." La psyché, c’est l’âme, "c’est le fait d’être tendu vers un absolu".
Évangile du dimanche 21 avril (Jn 10, 11-18)
En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Source : AELF
En ce troisième dimanche après Pâques, on est toujours dans le temps pascal. Mais dans l’évangile de ce jour, on revient sur un épisode de la vie terrestre de Jésus, avant sa mort et sa résurrection. Nous sommes au chapitre 10 de l’évangile de Jean. Jésus a donc commencé sa vie publique, au cours de laquelle il a délivré toute série d’enseignements et fait des miracles. Jésus vient en effet de guérir un aveugle et après cela, il ressuscitera Lazare.
La guérison de l’aveugle-né et la résurrection de Lazare sont parmi les miracles de Jésus les plus connus. James Woody établit un lien entre ces deux épisodes : ce sont "deux moments de libération". Libération du regard pour l’aveugle-né. "Avec une accusation des pharisiens qui finalement ne comprennent rien à rien, qui ont les yeux clos, et qui ne voient pas le règne de Dieu présent."
Libération d’une histoire familiale pesante pour Lazare, "qui était peut-être en train d’étouffer dans une atmosphère familiale particulièrement dense et pénible. Jésus le libère de ces liens il va pouvoir mener sa propre existence." Entre ces deux miracles, il y a cette histoire de berger qu’on lit ce dimanche. Il est de nouveau question de liberté mais aussi de sens de la vie.
Dieu est la figure même du berger, l’archétype du berger
La figure du bon berger est courante dans la Bible, notamment dans le Premier Testament. C’est Moïse qui fait paître le troupeau de son beau-père Jéthro. C’est aussi David, frêle berger vainqueur de Goliath.
Et puis il y a surtout ce passage du Livre d'Ezekiel, qui "entre en écho" avec l’évangile de ce dimanche. C’est celui des faux bergers au chapitre 34, où il est dit : "Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles." (Ez 34, 11) On comprend que "Dieu est la figure même du berger, l’archétype du berger", comme l’explique James Woody.
"Jésus s’inscrit dans cette filiation évidemment." Il dit qu’il "donne sa vie pour ses brebis". On comprendre qu’il est donc prêt à mourir pour l’autre, et on penser à la fête de Pâques, où l’on dit qu’il est mort sur la croix pour nous sauver.
Dans la traduction littérale du texte grec, Jésus dit : "Je place ma psyché sur vous." La psyché, c’est l’âme, "c’est le fait d’être tendu vers un absolu", selon James Woody. Cela signifie que Jésus "s’expose" et ne retient rien pour lui.
"Et en même temps, il y a une sorte perspective qui est offerte, une sorte de point de fuite que nous allons pouvoir viser et qui va considérablement bouleverser notre vie." Désormais, il est question de sens de la vie, d’exigence, de vocation.
Jésus dit lui-même qu’il est "le bon pasteur". On a traduit par "bon", le mot grec "kalos", qui peut aussi être traduit par "beau". « Je dirais qu’il faut plutôt le traduire par beau, commente James Woody, parce que "bon" c’est plutôt "agathos". En tous les cas, ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas de sens moral, au sens du bien contre le mal. »
Jésus dit aussi qu'il est "le vrai berger". Quel rapport y a-t-il entre le beau, le bon et le vrai ? "Il y a une sorte de beauté qui désigne quelque chose de juste, d’harmonieux, et donc de vrai, répond le pasteur. Parce que le vrai est ce qui n’est pas en rupture par rapport au réel. Donc il y a une sorte d’harmonie, de beauté quand la vérité est présente."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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