Partir à l’aventure, sans valise, sans argent, sans stock de nourriture mais avec des sandales et un bâton... C’est ce que propose Jésus à ses disciples dans l’Évangile de ce dimanche. Il les envoie annoncer la bonne nouvelle dans les villages de Galilée. Et ne compter que sur la grâce de Dieu.
Évangile du dimanche 14 juillet (Mc 6, 7-13)
Il appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Source : AELF
Jésus s'est donc remis en marche. Auparavant, il avait été mal reçu à Nazareth, dans sa région natale - "Nul n'est prophète en son pays" avait-il déclaré. Ce dimanche, on renoue avec la figure de Jésus, l'homme qui marche, que l'évangéliste Marc aime mettre en avant. Car au fond, sa mission c’est de marcher. "La parole doit pouvoir circuler et atteindre les personnes, commente Marie-Christine Bernard, théologienne spécialisée en anthropologie et comédienne. Un homme qui marche et qui appelle les uns et les autres, à qui il confie une mission.
Quand Jésus appelle "les Douze" on ne peut pas ne pas penser à la valeur symbolique de ce chiffre dans la Bible. Il renvoie en effet aux douze tribus d’Israël, c’est-à-dire le peuple. "Donc chaque fois qu’on a le mot douze, il faut entendre l’ensemble de la communauté", explique Marie-Christine Bernard. Jésus compte donc sur des hommes mais aussi sur des femmes car "c’est tout le peuple qui est convoqué à être porteur de cette bonne nouvelle."
Comment Jésus choisit-il ses disciples ? "Il s’entoure de personnes susceptibles d’être à leur tour touchées et transformées par cette parole", selon la théologienne. D’ailleurs, Jésus ne cherche pas à créer une communauté de personnes ayant les mêmes idées ou les mêmes valeurs. "Ce que Jésus porte et nous apporte, ce n’est pas un paquet de vérités ou une morale particulière… Il nous apporte beaucoup plus profondément une manière d’être au monde."
Tous les jours, tous les matins, on a à se remettre les mains ouvertes devant le Seigneur pour recevoir sa grâce
Si Jésus envoie ses disciples témoigner "deux par deux", c’est que "dans cette culture-là, nous dit Marie-Christine Bernard, le témoignage d’une personne ne peut être reçu que s’il est confirmé par un autre, il faut être deux."
Mais il est étonnant de constater que les disciples ne partent pas tout de suite après avoir été appelés et envoyés. Jésus et les disciples ont d’abord pérégriné ensemble. "Ça indique bien qu’on ne peut pas être témoin d’une bonne nouvelle dont on n’a pas été le destinataire, qu’on n’a pas accueilli d’abord soi-même", explique Marie-Christine Bernard. Il y a un préalable nécessaire : le "compagnonnage avec Jésus".
"Cette manière de devenir familier de Jésus, de sa manière de faire, de sa manière de parler, de son attitude, ça caractérise le disciple. Le disciple est quelqu’un qui suit le maître non pas pour une imitation au mauvais sens du terme mais pour être dans le même esprit. Donc première chose à faire : se rendre familier de Jésus le Christ." Et cela vaut pour chaque chrétien aujourd’hui.
Jésus demande à ses disciples de voyager léger, c'est-à-dire de "compter sur Dieu", nous dit la théologienne. Ainsi le pain, allusion à la manne de l'Exode, renvoie à l'idée que Dieu pourvoit chaque jour aux besoins de son peuple. C'est d'ailleurs ce que l'on demande à Dieu quand on récite le Notre Père : de nous donner "aujourd'hui le pain de ce jour". "Ça signifie entre autres que, pour que la grâce du Seigneur puisse être opérante, on a à la recevoir sans cesse, elle ne se stocke pas... Tous les jours, tous les matins, on a à se remettre les mains ouvertes devant le Seigneur pour recevoir sa grâce."
Il y a une chose que les disciples peuvent emporter avec eux : un bâton. Sans doute parce que la route ne sera pas toujours simple et qu'il faudra s'appuyer dessus ou pouvoir repousser les chiens méchants... On peut aussi y voir une allusion à l'Exode, et un lien "avec Moïse et la grande épopée de la libération d'Égypte". "Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira !" (Ex 17, 6) dit Dieu à Moïse. Le rocher dont saint Paul dira que c'était le Christ...
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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