L'évangile de ce dimanche est un texte court mais particulièrement dense ! Il dit que nous sommes aimés de Dieu pour qui nous sommes et que nous ne sommes pas jugés… La bonne nouvelle est contenue pleine et entière dans ce texte. "Ce passage, c’est la bonne nouvelle de la bonne nouvelle ! C’est l’Évangile de l’Évangile", résume Dominique Collin.
Évangile du dimanche 4 juin (Jn 3, 16-18)
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Source : AELF
Ce court passage de l’évangile de Jean s’inscrit dans un dialogue entre Jésus et Nicodème. Nicodème, c’est un personnage célèbre de l’évangile. Il est juif, pharisien, c’est un docteur de la loi, un membre du Sanhédrin, c’est-à-dire de l’assemblée législative d’Israël. "C’est un personnage pour qui on peut avoir beaucoup d’affection, commente le philosophe et théologien Frère Dominique Collin, parce qu’il provoque un dialogue qui est magnifique, un des plus beaux dialogues qui soit dans l’évangile de Jean !"
Au début du chapitre 3 de l'évangile de Jean, Jésus dit à Nicodème qu’il lui faut "naître d’en haut d’eau et de l’Esprit" pour entrer dans le royaume de Dieu. Le malentendu qui se produit alors entre les deux interlocuteurs est un exemple type de ce que l’on appelle l’ironie Johannique, provoquée par "le décalage, le déplacement". Naître à nouveau, cela semble impossible à Nicodème qui comprend cela au sens propre. Pour Jésus, c’est une métaphore : il veut dire qu’il est "possible de vivre une renaissance qui soit vraiment décisive dans la vie, qui marque le cours du temps", explique Frère Collin. Et chez l’évangéliste Jean, naître à nouveau, c’est croire, tout simplement.
L’évangile de ce dimanche est un texte très court mais particulièrement dense ! Il commence par ce verset : "Dieu a tant aimé le monde". "C’est peut-être l’un des versets les plus importants, les plus beaux et peut-être même le verset qui doit nous rester comme un signal permanent", selon Dominique Collin. Il est sans doute à mettre en miroir de ce que "l’on entend, parfois un peu trop, dans les milieux chrétiens, regrette le dominicain, une sorte de rejet du monde ou de distanciation, peut-être même parfois d’indifférence qui ne fait pas toujours entendre ce souci, cet amour, cette bienveillance que Dieu a..."
Mais il peut être difficile de croire que Dieu aime le monde tant nous, humains, on lui trouve des défauts : conflits, catastrophes écologiques, etc. D’ailleurs, dans l’évangile de Jean, le "monde" désigne parfois ce que Dominique Collin appelle "l’immonde". C’est-à-dire "le monde du péché, de la mort", où règnent "la toute-puissance, le gaspillage, la haine, la destruction…" "Ce monde-là n’est pas aimable. Dieu et nous ne sommes pas invités à aimer le monde de l’immonde."
Le monde que Dieu veut, nous dit la Bible, c’est "un monde où c’est la fraternité qui est la règle des échanges, décrit Dominique Collin, où c’est l’agapè qui est la forme même de nos rapports aux autres, où c’est la gratuité du don, où c’est l’accès au croire, c’est-à-dire à la confiance, qui formerait la matière et les ingrédients de notre vie de tous les jours..."
Cet évangile a de quoi nous bousculer. Jean vient en effet "transformer notre idée du jugement", résume Dominique Collin. Qu’est-ce que le jugement ? C’est déjà ne pas s’aimer soi-même. "Dans une société qui vend tellement un arsenal de développement personnel, les gens ne s’aiment pas bien. Ne pas s’aimer bien, c’est se juger. Du coup, quand on ne s’aime pas bien, les autres deviennent vite des menaces..."
Avec Jean on comprend que croire, naître à nouveau et être fils ou fille de Dieu, c’est être libéré de tout jugement. "Nous ne nous jugeons plus, nous ne jugeons plus les autres, nous ne jugeons plus Dieu. Le jugement est rendu inopérant." Comme le disait saint André de Crête, lors de la crucifixion se produit "le jugement du jugement", explique Dominique Collin, "c’est le jugement qui est crucifié". Dès lors, "il n’y aura plus à dévaloriser qui que ce soit, à commencer par soi-même ou Dieu".
En peu de mot cet évangile dit beaucoup de choses ! Il dit que nous sommes aimés de Dieu pour qui nous sommes et que nous ne sommes pas jugés… La bonne nouvelle est contenue pleine et entière dans ce texte. "Ce passage, c’est la bonne nouvelle de la bonne nouvelle ! C’est l’Évangile de l’Évangile", résume Dominique Collin.
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