Dans l'Évangile de ce dimanche, Jacques et Jean, deux disciples du Christ, osent demander à Jésus de siéger à ses côtés dans sa gloire ! Leur requête peut choquer. Pourtant ils font preuve d'une belle audace : ils expriment leur désir de suivre le Christ. En réponse, Jésus les encourage à approfondir ce désir. Ce faisant, il nous délivre un enseignement sur la prière.
Évangile du dimanche 20 octobre (Mc 10, 35-45)
Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Source : AELF
Jacques et Jean sont des disciples du Christ, ils font partie du groupe des douze que Jésus a appelés. Ce sont deux frères qui manifestent leur audace, ils osent exprimer leur désir. Le texte grec emploie le mot "thelo", qui suggère "quelque chose d’extrêmement puissant, tendu vers ce qui est à venir", explique James Woody, pasteur de l’Église protestante unie de France (ÉPUdF) à Montpellier. Ce que l’on remarque, c’est que Jésus va aller dans le sens de leur désir. "Il valide le fait qu’ils aient du désir."
Cependant, Jésus demande à Jacques et Jean d’approfondir leur demande. Pour James Woody, il y a là "un enseignement sur la prière". Dans ce "dialogue avec le divin", "ce que nous demandons ne va pas forcément être satisfait tel quel, il faut que notre parole soit interrogée, bousculée, il faut creuser pour découvrir quel est le socle du désir".
Lorsque Jésus parle de la coupe qu’il va boire, il fait référence à sa Passion. Et plus spécialement à ce qu'il dit sur le mont des Oliviers. "Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux !" (Mc 14, 37) Dans ce verset "Jésus coordonne son propre désir à un projet à caractère universel". Si l’on en revient au désir de Jacques et Jean, on comprend donc la logique de cet épisode : Jésus leur présente les conséquences de leur demande : qu’ils prennent conscience de l’ampleur de leur désir. "Il interroge ce désir pour qu’il soit évangélisé."
Jacques et Jean veulent être en gloire avec Jésus, ils veulent avoir les meilleures places près de lui. "Il est question de siéger, d’être dans une position définitive, statique." Pour James Woody, "on veut finalement un peu mettre la main sur Jésus, on l’encadre et on l’a à disposition".
C’est d’ailleurs la tentation de la plupart des disciples. Pour le pasteur, lorsque les femme viennent au tombeau pour embaumer son corps après la crucifixion, c’est du même ressort. Mais à chaque fois, Jésus s’échappe de cette tentative de mainmise. De même, les disciples "voulaient être dans un état, Jésus les embarque dans une dynamique : ils vont devoir agir"
Reste que Jacques et Jean font preuve d’une "belle audace", au regard du pasteur. Quand ils répondent à Jésus "nous le pouvons", ils montrent l’effet que fait la foi sur nous, "l’audace, la capacité à tenir bon sur son désir."
Les fils de Zébédée "ne lâchent pas ce qui les propulsent vers l’avant" et "Jésus a tendance à flatter cela". Cet Évangile nous dit au fond celui que la foi c’est "adhérer à une puissance de vie et non pas adhérer à un catalogue de chose à tenir pour vraies".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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