On sait peu de choses sur la vie de la Vierge Marie. Les évangiles ne disent pas où elle a vécu après la crucifixion de son fils Jésus ni où elle est morte. Pourtant, la tradition catholique accorde une large place au culte marial. Et depuis le Moyen Âge on vénère en France ses reliques : la Sainte Ceinture et la Sainte Chemise. Explications.
À l’Assomption, la grande fête mariale du 15 août, les catholiques célèbrent l’élévation au ciel de l’âme et du corps de Marie, sans passer par la corruption de la mort. La fête de la Dormition est également célébrée le 15 août dans les Églises chrétiennes d’Orient, où l'on croit que Marie se serait endormie doucement avant de monter au ciel. La manière dont Marie a fini ses jours sur terre n’est pas mentionnée dans les évangiles, c’est le fruit de nombreux débats théologiques et spirituels.
Au fil du temps, le culte marial s’est considérablement développé, d'abord en Orient au IIIe siècle, puis en Occident au siècle suivant. Ainsi, au Moyen Âge s’est mis en place la vénération des reliques que l'on supposait liées à Marie : la Sainte Ceinture ou la Sainte Chemise. Des reliques que l'on trouve notamment en France, à Chartres et dans le Maine-et-Loire.
Ce serait Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1126) qui aurait rapporté de la première croisade la ceinture de la Vierge Marie qui se trouve au Puy-Notre-Dame, dans le Maine-et-Loire. La collégiale bâtie au XIIIe siècle est devenu un important lieu de pèlerinage au Moyen Âge. On venait y vénérer la Sainte Ceinture - à laquelle on prêtait des grâces notamment celle de pouvoir enfanter.
La basilique Notre-Dame-de-Délivrance de Quintin, non loin de Saint-Brieuc, conserve également un morceau de la Sainte Ceinture. Celle-ci aurait été rapportée au cours du XIIIe siècle par le seigneur de la ville après la septième croisade.
De même, en Italie, où un morceau de la ceinture de la Vierge Marie est conservé dans la cathédrale de Prato, en Toscane. Elle aussi rapportée de Palestine à la faveur des croisades. La relique est montrée plusieurs fois par an aux fidèles, notamment au 15 août. Il existe enfin trois autres morceaux de la Sainte Ceinture conservés au mont Athos, en Grèce.
Le tissu conservé dans la cathédrale de Chartres serait, selon la tradition, la chemise que Marie portait lors de l’Annonciation. Il s’agit d’un épisode célèbre de l’évangile de Luc où l’ange Gabriel a annoncé à Marie qu’elle allait concevoir et enfanter Jésus.
La Sainte Chemise ou Voile de la Vierge a été offert à la cathédrale en 876 par le roi Charles le Chauve. Celui-ci l’avait héritée de son aïeul Charlemagne, l’avait reçue de l’impératrice de Byzance. La châsse contenant la relique a été restaurée en 2020. Il existerait deux autres morceaux de la chemise conservés l’un à Aix-la-Chapelle, l’autre à Compiègne.
Les évangiles ne disent pas ce qu’a été la vie de Marie après la mort de Jésus sur la croix. Selon une tradition elle aurait suivi l’apôtre Jean à Éphèse, puisque Jésus lors de sa Passion lui a confié sa mère : "Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »" (Jn 19, 26) Marie a-t-elle vraiment vécu à Éphèse ? S'il existe en Turquie une Maison de la Vierge Marie, qui est un important lieu de pèlerinage aujourd’hui, "on n’en a aucune preuve historique", écrit le jésuite Michel Fédou dans "Après Jésus - L’invention du christianisme" (éd. Albin Michel, 2020).
On ne sait pas non plus quels sont le lieu et la date de sa mort. Une autre tradition veut que Marie soit restée à Jérusalem après la Crucifixion, et qu'elle aurait été enterrée au pied du mont des Oliviers. On y trouve aujourd’hui l'église orthodoxe du Sépulcre de la Sainte Vierge.
Marie a fait l’objet de nombreux débats théologiques et spirituels dans les premiers temps du christianisme. Le concile d’Éphèse (431) l’a déclarée officiellement "mère de Dieu". La diffusion du "Protévangile de Jacques", texte du IIe siècle, abondamment traduit au cours des IIIe et IVe siècles, a beaucoup encouragé le culte marial. Ce texte apocryphe "a longtemps été utilisé dans la liturgie des monastères orientaux", selon Roselyne Dupont-Roc (dans "Après Jésus"), et a donc "favorisé la naissance de plusieurs fêtes mariales".
Devant le peu de sources historiques ou de traces de Marie dans les évangiles, on peut être étonné de l’importance du culte marial chez les catholiques ou les chrétiens orthodoxes. La dévotion à Marie est tout autant le fruit de la piété populaire que de débats entre théologiens.
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