Des attentats qui selon François Clavairoly, fragilisent notre démocratie et représentent un véritable ébranlement. "C’est ce que j’ai ressenti. La remise en question des fondamentaux de la République. Tout se brise : la fraternité, la solidarité, et une certaine conception de la République. C’est un traumatisme majeur qui a été comme une épreuve qualifiante, et qui a montré comme la République pouvait réagir et se renforcer. C’est le signe que les choses tiennent dans ce pays" explique François Clavairoly, pasteur, président de la Fédération protestante de France, membre de l’Epudf, auteur de "Après Dieu" (éd. du Cerf).
Au lendemain de ce terrible événement, les autorités religieuses sont reçues par l’État. Une sorte de front commun pour le pasteur Clavairoly. "Il s’est passé un moment d’amitié, un moment fort entre nous. L’épreuve nous a tenus ensemble. Il s’agit d’un lien interpersonnel qui s’est forgé à ce moment-là, en particulier autour des représentants musulmans qui n’avaient de cesse de dire que l’islam terroriste n’est pas l’islam. Ce jour-là, ils se sont sentis aidés" ajoute-t-il.
Pour ce dernier, il ne faut plus hésiter à dire aujourd’hui combien l’islam doit trouver sa place. "Il est en train de le faire. C’est très long et c’est possible. Mais il faut arrêter de stigmatiser l’islam, tout en étant lucide, avec les dérives, les défauts. Les musulmans eux-mêmes en sont conscients" ajoute le président de la Fédération protestante de France, membre de l’Epudf, et auteur de "Après Dieu" (éd. du Cerf).
Alors que le débat sur la laïcité refait surface de manière assez brutale, François Clavairoly prend fait et cause pour les religions en France. "Il est trop facile de dire que les religions sont une menace, alors qu’elles portent du sens, des richesses culturelles et spirituelles. Elles enrichissent la notion de fraternité" lance François Clavairoly, ajoutant "qu’un certain nombre de confessions dans ce pays sont des antennes sensibles sur les malheurs et les bonheurs de notre société".
Dans ce contexte, François Clavairoly veut faire confiance au politique. "Nous avons des hommes et des femmes politiques auxquels il faut donner le crédit. Bien entendu, il y a toujours le facteur humain avec ses faiblesses mais les élus, du plus simple élu de base au chef de l’Etat, ont une vraie responsabilité. Et la démocratie est un ciment auquel on peut faire confiance. Cela n’empêche pas le débat, la controverse, mais la base, c’est cette confiance" estime le pasteur.
Dans son dernier essai, "Après Dieu", François Clavairoly revient sur la façon dont les sociétés occidentales, et particulièrement la société européenne, ont effacé Dieu. "Une société européenne déchristianisée est une Europe qui prête le flanc aux populismes" peut-on notamment lire. "Je constate que le référent chrétien n’est plus la seule à permettre de comprendre ce qui se passe. Ce faisant, la question spirituelle s’efface. Soit on réagit, c’est la réaction identitaire. Ou bien il faut avec humilité retrouver le sens, ressourcer sa propre vie, tranquillement, revenir aux fondamentaux pour soi, relire la Bible" conclut-il.
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