Frère Cyrille Jalabert : rencontre avec le prieur des dominicains de Marseille

Il a été élu le 14 avril 2023, par ses frères. Cyrille Jalabert est le prieur du couvent dominicain de Marseille. Au micro de Sophie Lecomte, de RCF Dialogue, il raconte son parcours de foi et décrit sa vocation de dominicain.

Qu’est-ce qu’un prieur chez les dominicains ?

Il est arrivé à Marseille, dans le quartier de la Castellane, juste avant la venue du pape François. Depuis le 5 juillet 2023, Frère Cyrille Jalabert est prieur de la communauté des dominicains de Marseille. Un couvent qu’il connaît bien puisque comme tous les novices de la Province de Toulouse il a été envoyé dans la cité phocéenne pour suivre le noviciat. "Les gens croient toujours que le prieur c’est celui qui dirige la prière pas du tout ! Ça vient du latin prior, le premier de deux, explique-t-il, c’est celui qui a la responsabilité de la vie de la communauté."

Cyrille Jalabert a donc la mission de "veiller sur la vie commune des frères et sur les frères eux-mêmes de telle façon que eux puissent travailler au service du peuple de Dieu qui nous entoure". Il s’inspire de ce verset de l’évangile : "Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous." (Mc 10, 42-44)

 

J’ai mis 30 ans à trouver ma place

 

Une vocation religieuse à 14 ans

S’il est rentré assez tard dans l’ordre des prêcheurs, Cyrille Jalabert savait qu’il était appelé à une vie religieuse depuis… ses 14 ans ! "J’ai mis 30 ans à trouver ma place." Et ce n’est qu’à 44 ans qu’il a frappé à la porte des frères prêcheurs.

À 22 ans, quand il était coopérant dans une école chrétienne de la banlieue de Jérusalem, Cyrille Jalabert avait pu fréquenter les dominicains de l'École biblique et archéologique française (EBAF). "Je les avais vu vivre et je m’étais dis : Ouh là ce sont des intellos enfermés chacun dans leur coin ! Et moi j’ai besoin d’une dimension fraternelle et communautaire..." Ce n’est que plus tard une fois entré dans l’ordre qu’il a compris ceci : "Les dominicains n’exposent pas leur vie fraternelle, on la vie à l’intérieur du couvent sans forcément la montrer."

Ce qui l’a attiré chez les dominicains ? "La vie fraternelle, la vie liturgique et la vie intellectuelle." Cyrille Jalabert est historien de formation, spécialiste du proche Proche-Orient médiéval. Il a enseigné à l’université d’Aix-en-Provence, au département d’arabe. Des connaissances qui l’on conduit à nouveau à Jérusalem auprès des archéologues de l’EBAF. 

Au total, Cyrille Jalabert a vécu sept ans au Proche-Orient. Il a connu Gaza bien avant les bombardements actuels mais déjà la population vivait dans la violence. Au-delà des guerres et des destructions, il y a trouvé une population qu’il décrit comme "extrêmement attachante". "Mon expérience orientale m’a amené à avoir sur Marseille un regard amusant, intéressé et bienveillant", dit-il.

 

La mission des dominicains de Marseille

Les dominicains ont, Frère Cyrille Jalabert l’admet, une réputations d’intellectuels – même si "il y a des dominicains qui ne sont pas des intellos". Or, ils ont une mission d’être dans le monde. Les neuf années de formation très poussée qu’ils suivent ne les coupe-t-elle pas du monde justement ? Cyrille Jalabert explique que leur ordre a été créé pour "présenter la doctrine au peuple de Dieu".

Il est donc essentiel qu'ils sachent "aller vers les gens" et leur enseigner ce qu’est la foi chrétienne, y compris à des jeunes, même non chrétiens. "Notre formation assez intellectuelle a pour but de pouvoir réaliser ça."

À Marseille, les frères prêcheurs sont présents auprès des jeunes, dans les aumôneries des lycées par exemple. Ils forment aussi les novices de la province de Toulouse - ils sont six actuellement en formation - et enseignent dans les séminaires de la région. "On a le désir de développer notre Église comme un lieu où on présente la foi, un lieu qui appelle vers la foi, résume le prieur de Marseille. On voudrait arriver à en faire un lieu chaleureux."