Le 8 mars dernier, s’est achevé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. Parmi les témoins entendus par la cour d’assises spéciale de Paris, Guy Coponet, 92 ans. Il est celui à qui les assassins ont demandé de filmer le meurtre du Père Jacques Hamel, le 26 juillet 2016. Cinq ans après, ce n’est pas pour raconter des détails sordides qu’il prend la parole sur RCF, mais pour témoigner de son parcours spirituel. Et dire que le pardon est possible.
Le mardi 26 juillet 2016 au matin, Guy Coponet et sa femme Janine, des paroissiens fidèles, assistent à une messe dans une église de la banlieue de Rouen. Elle est célébrée par le Père Jacques Hamel. "Un prêtre très simple, comme l’a décrit plus tard Janine Coponet, très effacé, mais qui ne vivait pas en dehors des autres, il accompagnait très simplement, mais toujours de façon éclairée et amicale des groupes de la paroisse.”
S’en suit l’horreur. Le Père Hamel est tué par deux hommes armés de couteaux. Ils intiment l’ordre à Guy Coponet de filmer la scène du meurtre. Il sera grièvement blessé. Guy et Janine sont parmi les cinq rescapés de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray.
Si Guy Coponet accepte de témoigner aujourd’hui sur RCF, ce n’est pas pour décrire le côté sordide des faits, mais pour évoquer le chemin spirituel qu’il a parcouru. Un chemin de pardon.
Si on ne pardonne pas, c’est de la haine qui restera, et la haine, c’est le désastre
Aujourd’hui, Guy Coponet dit avoir trouvé le chemin du pardon. "Si on ne pardonne pas, c’est de la haine qui restera, et la haine, c’est le désastre." Son quotidien est rythmé par la prière, et la messe à laquelle il assiste régulièrement. Ce drame ne l’a donc pas détourné de la pratique religieuse. Guy Coponet n’a pas non plus cédé au repli sur soi. Il place l’amour du prochain au cœur de sa vie.
Depuis l’assassinat du Père Hamel, des questions restent en suspens. Guy Coponet a beau avoir pardonné, il n’oublie pas. Il n’a jamais cessé de se questionner : Qu’est-ce qu’ils ont voulu faire ? Ont-ils voulu tuer l’homme ou tuer Jésus ? Est-ce une présence autre qui les a forcé à faire ça ? Pour le paroissien, cet “autre”, s’il devait porter un nom, s'appellerait “Satan”.
Janine Coponet, la femme de Guy, est décédée il y un an, le 19 avril 2021. Dans une lettre qu’elle avait laissée, on pouvait lire : "Notre rapport avec Dieu est beaucoup plus intense. Notre prière est vraiment un rendez-vous avec les saints qui nous sont familiers."
Janine et Guy Coponet formaient un couple uni, qui avait l’habitude de prier ensemble. Depuis le drame, ils priaient "différemment", de manière "beaucoup plus profonde". "Ça a modifié notre façon de vivre, raconte Guy Coponet, voir la mort d’aussi proche vous fait voir les affaires autrement."
"Aujourd’hui, je suis dans la paix et la joie", déclare Guy Coponet. Certain que son épouse est "sa présence pour l'éternité'', il "ne redoute pas" la mort. "Je vais aller la rejoindre. Je lui ai dit ce matin : tu m’attends, j’arrive !” Pour cet homme de 92 ans, l’amour est un long chemin spirituel, "qui se fortifie toute la vie..."
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