En 2012, Thierry Lyonnet rencontrait le peintre Arcabas dans son atelier de Saint-Hugues-de-Chartreuse (Isère). Un endroit baigné de lumière, situé à quelques kilomètres de la chapelle qu'il avait entièrement décorée entre 1951 et 1991. Internationalement connu pour son travail d'art sacré, Arcabas était avant tout un peintre en quête du beau.
"À 13 ans, je savais que je voulais être un grand peintre. Je suis un peintre." Né en Lorraine en 1926, dans une famille de cinq enfants, le jeune Jean-Marie Pirot a été encouragé à devenir peintre par son père instituteur, quand celui-ci lui a fait rencontrer le graveur lorrain Clément Kieffer, devenu son maître. "Il a laissé des traces très profondes dans ma vie... C'est lui qui m'a amené [à la peinture]."
On dit de l'art sacré qu'il aide à voir l'invisible. En rappelant que Clément Kieffer lui a transmis une "déontologie" - c'est-à-dire "retranscrire dans l'honnêteté la plus parfaite", "la vérité de celui qui regarde le monde" - Arcabas nous explique que tout l'enjeu de l'art sacré n'est pas de représenter un imaginaire, mais bien "une vérité".
On l'a souvent présenté comme le peintre de la couleur, de la joie, mais il n'y a pas que ça dans l'œuvre d'Arcabas. Il y a aussi un sens très étroit de la souffrance humaine et du désarroi. "Les gens ne veulent pas voir ça, et puis ils se basent sur les rapports de tons et la richesse colorée... Si les gens sont heureux malgré la tristesse qui peut se trouver en filigrane dans le tout, du moment qu'ils sont heureux, je suis content !"
Lors de la deuxième exposition de ses toiles au musée de Fourvière à Lyon (en 2012), Aracabas avait choisi de donner à voir une œuvre monumentale qu'il n'avait plus présentée depuis 50 ans : L'hommage à Bernanos. Un polyptyque avec en son centre une Crucifixion et au pied de la croix une petite fille tenant un écriteau : Ego sum nolite timere ("C'est moi n'ayez pas peur").
"N'ayez pas peur" : et si cette phrase était la clé pour comprendre l'œuvre et la vie d'Arcabas ? Jean Paul II la reprenait souvent, "mais la phrase et les anges qui la disent existent chez moi depuis plus de 40 ans", confiait le peintre. Il l'avait inscrite sur une fresque chez lui à Grenoble. Pour dire au visiteur "n'aies pas peur"... "Comme si je voulais dire aux gens, entrez soyez libre !"
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