"Ils ont donné du fruit à raison de cent pour un"
Méditation de l'évangile (Mt 13, 1-9) par le père Emmanuel Pic
Chant final: "ta parole Seigneur" par Patrick Richard et Gaël Lecuyer
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,
et il était assis au bord de la mer.
Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes
qu’il monta dans une barque où il s’assit ;
toute la foule se tenait sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
« Voici que le semeur sortit pour semer.
Comme il semait,
des grains sont tombés au bord du chemin,
et les oiseaux sont venus tout manger.
D’autres sont tombés sur le sol pierreux,
où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;
ils ont levé aussitôt,
parce que la terre était peu profonde.
Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé
et, faute de racines, ils ont séché.
D’autres sont tombés dans les ronces ;
les ronces ont poussé et les ont étouffés.
D’autres sont tombés dans la bonne terre,
et ils ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »
Source : AELF
Jésus sort de la maison. Il s’assied au bord de la « mer » - en réalité, le grand lac de Galilée, frontière entre Israël et le pays des païens, surface incertaine agitée par de soudaines tempêtes, peuplée d’innombrables poissons, parcourue en tous sens par les barques des pêcheurs parmi lesquels Jésus va appeler ses apôtres. Lui-même, devant l’affluence de celles et ceux qui se pressent autour de lui, monte dans une de ces fragiles embarcations, et c’est de là qu’il va prendre la parole.
Il sort de chez lui. Désormais, il ne parle plus seulement aux disciples, mais il s’adresse à tous, et il attire manifestement les foules. Il leur parle de leur vie, de telle manière que son discours laisse entrevoir dans ces vies d’hommes et de femmes ordinaires une réalité mystérieuse, à la fois fragile et pleine de force, qu’il nomme le Royaume de Dieu. Un Royaume qui ne se construit pas à la force du poignet, encore moins à la pointe de l’épée ; il suffit d’ouvrir les yeux, de tendre l’oreille, et on en perçoit les signes qui montrent qu’il est déjà à l’œuvre dans le monde.
Ce Royaume, dit-il, est semblable à une graine que l’on sème : si petite qu’on la voit à peine, fragile et menacée par bien des périls, mais il suffit qu’elle tombe dans la bonne terre pour qu’elle s’enracine et porte du fruit. Le Royaume de Dieu, comme la graine de la parabole, pousse tout seul. Comme toute graine, il ne sert à rien, au contraire, de lui tirer dessus pour en hâter la croissance. Il suffit qu’elle tombe dans la bonne terre, il suffit de s’armer de patience, pour qu’un jour on la voie porter son fruit.
Le Royaume, en cela, ressemble à la parole de Jésus. Pas une parole en l’air, une théorie fumeuse, une utopie, une de ces paroles dont on dit qu’elles s’envolent alors que seuls les écrits restent. Jésus, lui, se méfie des écrits – il n’a d’ailleurs lui-même jamais rien écrit. Il préfère les paroles, qui sont mieux capables que les lettres de laisser parler l’Esprit, de s’allier à nos vies, à notre chair, de s’incarner et de se nourrir de la terre dans laquelle elles ont été semées.
Ce matin, accueillons la Parole de Vie et laissons-la faire alliance avec nos vies humaines.
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