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"Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre..." (Lc 12, 49-53)

Un article rédigé par Père Emmanuel Pic (50916) - RCF, le 14 août 2022 - Modifié le 14 août 2022
Prière du matin"Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre..." (Lc 12, 49-53)

"Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division"

Méditation de l'évangile (Lc 12, 49-53) par le père Emmanuel PIC

Chant final: "Je suis venu porter le feu" par la Maitrise de la Cathédrale d'Autun

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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
    Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
    Pensez-vous que je sois venu
mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis,
mais bien plutôt la division.
    Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
    ils se diviseront :
le père contre le fils
et le fils contre le père,
la mère contre la fille
et la fille contre la mère,
la belle-mère contre la belle-fille
et la belle-fille contre la belle-mère. »

Source : AELF

Méditation Père Emmanuel Pic

Violence et religions : voilà un sujet qui n’en finit pas de faire débat. Si l’on en croit les enquêtes d’opinion, un nombre non négligeable de personnes, surtout parmi les jeunes, considère que les religions sont porteuses de violence.

Les paroles de Jésus que nous venons d’entendre portent en elles une forme de violence. Mais elles ne prêchent pas la violence. Elles annoncent simplement que lui et ses disciples vont en être victimes : « Je dois recevoir un baptême », dit Jésus. Ce baptême, c’est celui de la Croix ; pour les disciples, ce seront les persécutions qu’il vont endurer. Ces violences ne sont pas sans conséquences sur l’entourage : elles diviseront les familles, les sociétés, les groupes religieux eux-mêmes. Jésus dénonce ici le cercle infernal, le cercle vicieux de la violence, auquel il s’efforce de s’opposer. Il sait bien que les religions peuvent être des vecteurs de violence ; c’est le cas ici, puisqu’il succombera finalement à cette violence inscrite dans sa propre tradition religieuse.

Un jour, je m’étonnais devant une carmélite que sa communauté chante aussi facilement les psaumes les plus violents, ceux dans lesquels on demande à Dieu de répondre par la violence à la violence faite par les ennemis. Elle me répondit la chose suivante : prier avec ces mots permet de prendre dans la prière les conflits et les sentiments négatifs. Les éviter serait hypocrite : ce serait refuser de porter devant Dieu la part d’ombre de notre existence humaine. C’est ainsi que les psaumes permettent de prendre en compte notre propre violence.

La violence religieuse, c’est souvent la violence de l’autre : le musulman pour les chrétiens, le chrétien pour les musulmans. Le chemin de la non-violence est pourtant un chemin à parcourir ensemble, tous croyants confondus. Il nous amènerait à découvrir, ou re-découvrir, la violence dont chacune de nos traditions sont porteuses ; il nous amènerait à reconnaître également ce qui, dans la violence véhiculée par notre propre religion, relève de notre difficulté à accepter que d’autres pensent et vivent différemment de nous. Peut-être alors, en reconnaissant humblement que l’autre n'est pas plus violent que nous, pourrions-nous renoncer à la violence qui est en chacun de nous.

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