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Jeanne d’Arc

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 30 mai 2022 - Modifié le 11 juin 2024

Sainte Jeanne d’Arc, fêtée par l’Église le 30 mai, est une des saintes les plus mystérieuses de l’histoire de la sainteté. Pour comprendre sa vie, il faut comprendre la situation de la France pendant la guerre de 100 ans, 1337 à 1453.
 

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Contexte historique du conflit

En Angleterre, c’est la dynastie angevine des Plantagenêt qui règne. Donc une dynastie d’origine française. En France, c’est la dynastie capétienne. Il y a évidemment des liens de famille entre les deux dynasties.


En 1314 Philippe IV le Bel meurt et laisse trois fils (Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel). Tous lui succèdent à tour de rôle, mais aucun n’a d’héritier mâle. Finalement, c’est Philippe VI de Valois, neveu de Philippe IV, qui monte sur le trône. Mais cela déplaît à Édouard III d’Angleterre qui est le fils d’Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel. Il est donc un descendant plus direct que Philippe VI et devrait donc accéder à la couronne si la France reconnaissait les héritiers de descendance capétienne féminine, ce qu’elle ne fait pas.


Le roi Édouard III se lance  dans une guerre pour faire reconnaître ses droits. Cette guerre de pouvoir va durer plusieurs générations.

 

Histoire de Jeanne d'Arc

 

Jeanne d’Arc naît à Domrémy en Lorraine le 6 janvier 1412 dans une famille d’agriculteurs aisés. Elle est illettrée. À 13 ans, dans le jardin de sa maison, elle est favorisée de différentes apparitions de saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite qui lui demandent de libérer la France des anglais et de leurs alliés bourguignons et de faire sacrer le roi à Reims.
On comprend que Jeanne résiste quelque peu à ses voix. Le programme proposé paraît impossible.


Finalement, elle capitule et part à Vaucouleurs pour rencontrer le capitaine Robert de Baudricourt, le représentant du dauphin Charles. Elle le convainc de l'aider à obtenir une audience auprès du dauphin, le futur Charles VII. Elle est aidée par le fait qu’une prophétie circule dans le peuple de France selon laquelle le pays sera libéré par une vierge provenant des marches de Lorraine.


Jeanne rencontre donc Charles VII à Chinon et lui raconte son histoire, les voix qu’elle a entendues, la mission qu’elle a reçue. On peut imaginer que Charles est méfiant. Peut-il croire cette jeune fille et son histoire extravagante ? Il lui fait donc subir des interrogatoires approfondis menés par les autorités religieuses.


Charles accepte enfin de confier une armée à Jeanne qu’on appelle désormais la Pucelle. Elle revêt une armure, prend une épée et s’en va vers Orléans. Elle écrit une lettre aux anglais pour leur annoncer sa venue et demander de lever le siège de la ville sans combat. Ils refusent évidemment. Pour eux, Jeanne est une sorcière, un personnage maléfique.

Les troupes emmenées par Jeanne retrouvent courage. Dans la nuit du 7 au 8 mai 1429, Jeanne remporte la victoire contre les Anglais. Orléans est libérée. Jeanne entre en triomphatrice dans la ville. La nouvelle se répand dans toute la France. L’espérance renaît.
Jeanne continue sa route vers Reims. Elle soumet de gré ou de force toutes les villes sur son passage. Le 17 juillet 1429, Charles est sacré roi de France dans la cathédrale de Reims par l'archevêque Renault de Chartres en présence de Jeanne. Il devient roi de France sous le nom de Charles VII. 

À partir de ce moment, la situation va changer pour Jeanne.


Lors du siège de Paris, Jeanne est blessée par une arbalète. Dans le siège de Compiègne, elle est capturée par les bourguignons. Elle essaie de s’échapper par deux fois et se blesse même sérieusement dans une de ces tentatives en sautant d’une des fenêtres du château de Beaurevoir. Finalement, elle est vendue aux anglais pour 10.000 écus par Jean II de Luxembourg-Ligny. Elle est remise à l’évêque Cauchon, allié des anglais, et emmenée à Rouen, le quartier général des anglais.

 

Le procès de Jeanne d’Arc

Les anglais montent donc un procès pour se débarrasser de Jeanne d’Arc. Le roi Charles VII ne fait rien pour sauver Jeanne. L’accusation est de porter un habit d’homme. Le procès est arrangé d’avance. On installe le bucher avant la condamnation de Jeanne. Comme c’est quand même un procès, nous avons les minutes du procès.
Il y a quelques questions très intéressantes :

- Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ?
 

Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne.


Réponse magnifique que nous pourrions tous dire comme prière : Seigneur, si je ne suis pas en état de grâce, s’il te plaît, mets-y moi. Si j’y suis, garde-moi en cet état.

Une autre question qui éclaire ce qui peut paraître étonnant. Pourquoi Dieu intervient-il dans l’histoire de France en favorisant un roi contre un autre ?


– Dieu hait-Il les Anglais ?

De l’amour ou haine que Dieu a pour les Anglais, ou de ce que Dieu fera à leurs âmes, je ne sais rien. Mais je sais qu’ils seront boutés hors de France, excepté ceux qui y mourront ; et que Dieu enverra victoire aux Français, et contre les Anglais.


Dans la guerre de cent ans, Dieu est intervenu en faveur des français. C’est mystérieux. Mais cela ne signifie pas qu’il n’aime pas les anglais. Simplement, il avait un autre plan. Il y a d’autres interventions du ciel dans des combats sur terre. C’est rare, mais ce n’est pas une exception. Nous pouvons prier pour que Dieu intervienne, par exemple dans des guerres injustes.

Le 24 mai 1431, après avoir été longuement torturée, Jeanne finit par abjurer. Mais elle se reprend rapidement. Elle est alors condamnée et brûlée vive le mercredi 30 mai.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

En 1455, le pape Calixte III autorise Isabelle, la mère de Jeanne,  à rouvrir la cause de sa fille. Le 7 juillet 1456, le tribunal annonce son jugement : le verdict original est cassé et Jeanne d’Arc est déclarée innocente.

Cependant ce n’est que beaucoup plus tard que Jeanne sera béatifiée et canonisée, respectivement en 1909 par Pie X et 1920 par Benoît XV. Remarquez un beau paradoxe : Jeanne d’Arc est morte condamnée et martyrisée par l’Église ; et c’est la même Église qui des siècles plus tard l’a canonisée !
 

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